Sympetrum sanguineum (O. F. Müller, 1764)

Sympetrum sanguineum mâle, Denée (F-49), 10/08/2021
Sympetrum sanguineum mâle, Denée (F-49), 10/08/2021

Sympetrum sanguineum, Libellulidae, est un des plus communs des neuf Sympetrum de l’odonatofaune métropolitaine.

Description – Identification

Le mâle, 34 à 39 mm, est l’exemple du Sympetrum rouge ; la face est rouge avec une « larme » noire le long des yeux rouges eux-mêmes dans leur partie supérieure, le thorax est brun-rouge avec des flancs plus clairs exhibant un « T » noir à l’union de la carène dorsale et de la partie antérieure du mésothorax, toutes les insertions alaires sont rouge vif. L’abdomen est rouge sang, largement dilaté pour les derniers segments et porte des marques noires sur les 8° et 9° segments. Les pattes sont complètement noires sans ligne jaune postérieure, la base des ailes est légèrement ambrée.

On le confond difficilement avec un autre Sympetrum ; ses pattes noires, en région de plaine sont presque une carte d’identité.
3 autres Sympetrum ont aussi les pattes noires et des marques noires le long des yeux :
– S. depressiusculum, extrêmement rare et localisé, mâles et femelles montrent des paires de triangles noires sur l’abdomen
– S. danae : les mâles matures sont noirs, plus jeunes mâles et femelles montrent une large bande thoracique noire à points jaunes. Il est extrêmement rare en plaine et dans ce cas très localisé.
– S. pedemontanum exhibe des bandes alaires colorées spectaculaires qui contrastent avec ses ptérostigmas rouges.
On le distingue des Orthetrum, comme tous les Sympetrum, par le nombre de ses veines anténodales, 6 ½ à 8 ½.

Les femelles sont jaunes, devenant terne, l’abdomen devient parfois rouge, mais d’un rouge beaucoup moins vif que celui des mâles. En vieillissant, qu’elles soient « rouges’ ou jaune-terne, elles portent souvent une pruinosité claire sous les premiers segments de l’abdomen.
On retrouve la « larme » noire le long des yeux, le « T » noir thoracique est encore plus marqué que sur les mâles, et les pattes sont noires.
Les mêmes confusions sont possibles en plaine et ce qui est écrit plus haut pour les mâles est valide pour les femelles.

Sympetrum sanguineum femelle, Le Fuilet (F-49), 30/08/2010
Sympetrum sanguineum femelle, Le Fuilet (F-49), 30/08/2010
Habitat et distribution géographique

Il accepte une grande diversité d’eaux stagnantes, pourvu qu’elles soient bien végétalisées ; je l’ai essentiellement rencontré sur des étangs (argilières, carrières) et des lacs, plus rarement sur des portions de rivières très lentes (une seule occurrence) ou des canaux.
En France, il est très commun et on est susceptible de le rencontrer partout en plaine.
Atlas Dynamique des Odonates de France
En « Europe », il est présent du sud des pays Scandinaves à l’extrême nord du Maghreb, sans négliger la Grande-Bretagne (Rudy, Darter). Facile à contacter en Europe de l’Ouest, il est de plus en plus disséminé vers l’est atteignant l’ouest de la Mongolie.
IUCN Red List

Période de vol

On le dit présent d’avril à novembre dans le sud, mais sa période d’abondance correspond au mois de juillet et août.
Mes observations s’étendent de mi-mai à fin septembre dans le Maine-et-Loire.

Comportement – Écologie

Après l’accouplement qui peut durer une dizaine de minutes, le couple part aussitôt pondre en tandem. Par de brefs coups d’abdomen, la femelle, parfois finalement seule, largue ses œufs un à un ou quelques-uns à la fois, près de l’eau, mais dans des zones exondées (à nouveau en eau en automne). Ces œufs sont parmi les plus gros de ceux de nos odonates, presque sphériques, 0.6 x 0.67 mm et on peut les observer se détacher des femelles en vol !
Après une diapause hivernale, la taille hors du commun des œufs expliquerait sans doute que le nombre de mues soit réduite à 7 selon Paul-André Robert (1). Cependant, D. Grand et J.P. Boudot (2) en comptent 8 à 12.
Après émergence, les individus quittent leur pièce d’eau natale pour des zones de maturation, où ils se nourrissent et ne reviennent à l’eau que lorsqu’ils sont prêts à se reproduire.

Etymologie

Sympetrum, du grec Sym-piézein, « compressé » et etron, « abdomen ». Newmann (1833) qui a créé le genre croyait, de façon erronée, que c’était une caractéristique du genre, ce qui est étonnant, car ce n’était déjà pas vrai pour toutes les espèces connues à l’époque. Mais la communication entre scientifique était alors moins facile…
Sanguineum, du latin sanguineus, « ensanglanté, teint de sang » pour la couleur du mâle mature.

Sympetrum sanguineum accouplement, Donzacq (F-40), 27/06/2023

Sympetrum sanguineum accouplement, Donzacq (F-40), 27/06/2023

1- Paul André Robert, Les Libellules, Delachaux et Niestlé, 1959
2- Daniel Grand et Jean-Pierre Boudot, Les Libellules de France, Belgique et Luxembourg, collection Parthénope, 2006.

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