Description – Identification
Orthetrum albistylum, Libellulidae, est un de nos deux Orthetrum aux ptérostigmas noirs, ce qui est un critère important, souvent négligé, pour le séparer de O. brunneum et coerulescens.
Les yeux des mâles sont verts, la face claire ou blanche, le thorax brun largement éclairé de deux (une seule bien visible) larges bandes verticales blanches ou crèmes (pour les jeunes), l’abdomen couvert d’une pulvérulence bleutée, à maturité, les segments 7 à 10 noirs, les appendices anaux blancs (en principe).
Malheureusement, en prenant de l’âge, le contraste des bandes thoraciques s’atténue, la face peut être moins lumineuse, et, tromperie honteuse, les appendices peuvent perdre leur blancheur et être même totalement sombres. On peut ainsi le confondre avec Orthetrum cancellatum.
Ce dernier a une face plus sale, des yeux bleus-gris, pas de bande claire sur le thorax, et si son abdomen est également couvert d’une pruinosité bleue, ses derniers segments sont variablement sombres, avec une limite mal définie entre bleu et noir et ils n’arborent jamais des appendices anaux clairs.
Orthetrum albistylum apparaît plus mince, plus élégant en vol, mais ce n’est que le coup d’œil d’un habitué. Il mesure 45 à 50 mm.
Les femelles, aux ptérostigmas noirs, ne peuvent être confondues qu’avec celles de O. cancellatum, mais leur 10° segment ainsi que leurs appendices anaux sont blancs ; attention, ceux de O. cancellatum ne le sont jamais, seul l’épiprocte, le cône terminal de l’abdomen peut faire illusion.
Comme les mâles, elles portent deux bandes claires sur le thorax (une visible ici à travers l’aile), l’abdomen, souvent moins jaune, porte également un motif en échelle, mais dont les montants sont beaucoup plus arqués que ceux de la femelle O. réticulé.
Comme presque toujours chez les Libellulidae, les mâles immatures (ci-dessous le 07/07/2020 à Capvern, dans les Hautes-Pyrénées) sont la copie des femelles, aux appendices anaux près, bien sûr.
Habitat et distribution géographique
Il se reproduit sur tout type d’eaux stagnantes, mais je l’ai surtout rencontré sur des étangs bien ouverts ; il accepterait des eaux très faiblement courantes, surtout des mares résiduelles laissées par des rivières.
En Europe de l’Ouest, c’est en France et au nord de l’Italie qu’il est le plus commun ; on disait il y a quelques années qu’il se limitait au sud de la Loire et s’il y est toujours plus abondant, il progresse rapidement vers le nord, profitant de pièces d’eau artificialisées telles des retenues d’eau ou des piscicultures. Plus à l’est, il atteint au nord la Lituanie, au sud la Grèce. Il est de plus en plus dispersé en Asie centrale, mais atteint la Chine et le Japon.
IUCN Red List
Il est peu commun dans mon Maine-et-Loire, où le paysage est dominé par Orthetrum cancellatum et c’est toujours une surprise pour moi de voir de si nombreux O. albistylum dans le sud de la France.
Période de vol
Dans le Maine-et-Loire, on le rencontre de fin mai à début septembre et il faut sans doute étendre un peu ces limites en début et fin de mois dans le sud.
Comportement – Écologie
S’il se pose parfois sur le sol, il est plus fréquemment sur les rameaux et les herbes que son cousin O. cancellatum.
Il est territorial et agressif avec les autres odonates dont il ne dédaigne pas de faire son repas. Son vol est rapide et il se déplace le long des berges au ras de l’eau pour trouver une partenaire faisant demi-tour quand il atteint les limites de son espace réservé.
On le dit pionnier sur les nouvelles pièces d’eau, mais je ne l’ai jamais vu sur la mare de mon jardin, car il préfère les aires ouvertes.
Les accouplements que j’ai pu observer se constituent en vol, alors que la femelle en ponte cherche surtout … à s’échapper. Ils sont brefs, à peine quelques minutes et la ponte s’ensuit aussitôt, la femelle seule, frappant l’eau de son abdomen pour larguer ses œufs.
La phase larvaire dure un an en général.
Étymologie
Orthetrum vient de 2 mots grecs, orthos signifiant « droit « et etron « abdomen », ceci pour signifier que les côtés de l’abdomen sont parallèles. Ce nom de genre créé par Newman en 1833 a perdu sa pertinence avec la découverte de nouvelles espèces, mais le nom est resté.
Albistylum du latin albus, pour blanc, et de stylus, poinçon, style. Bien sûr, ce style ou stylet banc correspond aux appendices anaux du mâle et lui valent son nom français d’Orthetrum à stylets blancs.
Les Anglo-saxons ont repris cette singularité en le nommant White-tailed Skimmer.