Libellula quadrimaculata (Linnaeus, 1758)

Libellula quadrimaculata mâle, Lac de Lamoura (France-39), 27/08/2021
Libellula quadrimaculata mâle, Lac de Lamoura (France-39), 27/08/2021
Description – Identification

Libellula quadrimaculata, la Libellule à quatre taches, est un Libellulidae très commun en France et en Europe ; il fait partie de ces odonates qui sont faciles à identifier et qui rencontre un grand succès photographique parmi les naturalistes ; outre les 2 taches alaires basales, typiques du genre Libellula, mâles et femelles portent en effet une tache sombre sur le nodus de chacune des 4 ailes. Certains montrent également une tache sombre à l’apex des ailes.
Les mâles matures mesurent 40 à 48 mm, sont globalement sombres, la face est claire, les yeux marron, le thorax et l’abdomen jaune terne, ce dernier devenant sombre sur les segments 6 ou 7 à 10, conservant les marques jaunes en vagues de sa jeunesse.
La tache basale alaire noire de l’aile postérieure est surmontée d’une bande ambrée sous costale que l’on retrouve à l’aile antérieure.
On ne peut pas le confondre avec une autre espèce tant les taches nodales sont évidentes.
Les femelles sont très semblables aux mâles, d’autant que dans ce genre mâles et femelles ont les ailes postérieures arrondies, à tel point qu’il est très difficile de les séparer sans examiner les appendices anaux, qui sont droits et bien sûr sans lame anale pour la femelle.
De la même façon, leur habitus et leurs taches alaires font qu’on ne peut les confondre qu’avec les mâles de l’espèce.

Libellula quadrimacullata jeune femelle, Étang de Fougemagne (France-01), 08/05/2021
Libellula quadrimaculata jeune femelle, Étang de Fougemagne (France-01), 08/05/2021
Habitat – Distribution géographique

Il se plait sur les eaux dormantes, végétalisées sans excès, de toutes natures et de toutes tailles, même saumâtres, et les populations sont souvent abondantes sur les eaux acides. Il est rare sur les eaux faiblement courantes. On le rencontre jusqu’à 2200 m.

Il est présent dans tous les départements français, et on le rencontre de l’ouest de l’Europe au Japon.
Beaucoup plus surprenant, et c’est une des rares espèces dans ce cas, elle est aussi largement distribuée dans la moitié nord des États-Unis, le sud du Canada et même en quelques places en Alaska.

Période de vol

Son aire de vol est tellement gigantesque qu’on se limitera la phénologie européenne ; s’il apparaît en avril et disparaît à la fin août, son pic de présence s’étend de mai à juillet, avec de très importantes variations en fonction de l’altitude.

Comportement – Biologie

On l’observe le plus souvent perché sur un rameau dominant une pièce d’eau, surveillant son territoire et chassant les intrus de toutes espèces, négligeant tout de même les zygoptères. Dès qu’une femelle apparaît, l’accouplement se fait en vol, pour quelques secondes.
La ponte s’ensuit aussitôt, la femelle frappant l’eau de l’extrémité de son abdomen pour larguer ses œufs, sous la surveillance du mâle. Ce dernier est moins attentif au fil du temps et elle est alors parfois capturée par un autre mâle qui cherche à s’accoupler.
Il faut 1 à 3 ans aux larves pour achever 11 ou 12 mues, en fonction de l’altitude et de la latitude. Les émergences sont synchronisées et donnent lieu à de spectaculaires rassemblements.

L’espèce est connue pour effectuer des migrations, spectaculaires (3), (4) comprenant des centaines de milliers ou des millions d’individus.

Étymologie

Libellula nous ramène à l’étymologie même du mot « libellule ». Il faut revenir au XVI° siècle avec le moine zoologiste Guillaume Rondelet pour comprendre l’origine de ce terme. Il a remarqué que la forme des larves aquatiques de certaines libellules, en l’occurrence celles des zygoptères, ressemblait à celle du corps du requin marteau (Sphyrna zygaena).
Ce poisson avait reçu différents noms vernaculaires dont celui de Libella par analogie avec la forme d’un niveau de charpentier (appellé autrefois libella), mais il faut tout de même une bonne dose d’imagination pour y trouver une ressemblance…
Guillaume Rondelet a donc nommé ces larves Libella fluviatilis (5).
Ce n’est qu’en 1758 que le grand Linné fait franchir le pas et que Libella devient Libellula sans doute pour introduire une notion de petite taille par le suffixe diminutif ule. Et le grand naturaliste utilise le terme Libellula pour nommer tous les odonates connus.
Quadrimaculata vient tout simplement de 2 mots latins signifiant l’un – quatre et l’autre – tache.

-1- Atlas dynamique des Odonates de France
-2- Discoverlife.org
-3- Movements of the dragonfly Libellula quadrimaculata Linnaeus, 1758 in North-west Europe in 1963
-4- Mass migration in dragonflies, especially in Libellula quadrimaculata L.: a review, a new ecological approach and a new hypothesis
-5- The scientific names of the Odonata in Burmeister’s ‘Handbuch der Entomologie, Heinrich Fliedner.

Retour en haut