Coenagrion scitulum (Rambur, 1842)

Coenagrion scitulum mâle, Le Puiset Doré (France-49), 16/06/2011
Coenagrion scitulum mâle, Le Puiset Doré (France-49), 16/06/2011
Description – Identification

Coenagrion scitulum, l’Agrion mignon, est d’une taille moyenne parmi ces petits odonates, 30 à 33 mm, exactement de la même taille que son cousin-sosie Coenagrion caerulescens, nous en reparlerons plus tard.
Parmi les Coenagrion, le mâle se différencie par le motif de son 2° segment en verre à vin (diapason ou tête de chat…) et ses segments 6 et 7 entièrement noirs, noir qui ne dépasse pas la moitié du 5°. Le pronotum noir sans tache bleue porte un lobe postérieur triangulaire saillant, les ptérostigmas sont clairs et plus longs que ceux des autres Coenagrion, S8 et S9 sont bleus, les cercoïdes sont courbés en dedans. La pilosité thoracique est très marquée.
On le confond facilement avec C. caerulescens ; cependant ce dernier porte toujours 2 taches bleues sur le pronotum qui est encoché postérieurement. Le noir de ses 3° et 4° segments occupe plus de la moitié des segments (moins de la moitié ou tout juste un peu moins pour Coenagrion scitulum, 99% des cas), ses ptérostigmas sont courts et triangulaires et ses cercoïdes sont droits. Enfin, C. caerulescens fréquente les ruisseaux, alors que Coenagrion scitulum préfère les eaux dormantes (mais il accepte ce genre d’habitat au moins dans le sud de la France…).

Coenagrion scitulum femelle, Marais de Guérande (France-44), 09/06/2014
Coenagrion scitulum femelle, Marais de Guérande (France-44), 09/06/2014

Les femelles présentent 2 formes, l’une tout de suite identifiable par un habitus unique créé par un mélange de bleu et de teinte jaune verdâtre, avec le lobe postérieur du pronotum (sans tache bleue) saillant, une bande ante humérale claire, et un motif grossier en torpille sur la face dorsale de l’abdomen, de longs ptérostigmas clairs. Pour moi, c’est la plus commune.
L’autre forme est bleue, donc androchrome mais avec le bas des yeux verts, avec les mêmes caractères structuraux et les mêmes motifs sur l’abdomen. Le motif du S8 est très variable dans les 2 formes.
On peut les confondre, pour les motifs abdominaux, avec Enallagma cyathigerum à laquelle il manque une ligne noire sur la suture interpleurale, qui montre une large bande ante humérale et un pronotum sans lobe postérieur triangulaire avec 2 larges taches, une épine vulvaire évidente. 
Comme pour la quasi-totalité des femelles de Coenagrion, l’arbitre reste la forme du pronotum.

Coenagrion scitulum femelle bleue, Saint Philbert-du-Peuple (France-49), 28/07/2016
Coenagrion scitulum femelle bleue, Saint Philbert-du-Peuple (France-49), 28/07/2016
Habitat – Distribution géographique

Il se plaît sur les eaux stagnantes bien ensoleillées avec suffisamment de végétation immergée. Mais dans le sud de son aire, il s’accommode d’eaux faiblement courantes. Il supporte la salinité et on le trouve par exemple avec Lestes macrostigma, en Vendée, et il peut dépasser les 2000 m.
En France, il est présent dans tous les départements sauf les Alpes-Maritimes et plus abondant dans l’ouest.
En Europe, c’est la France qui recense les plus grandes populations. Il est en extension vers le nord depuis les années 90, et s’il est présent en Belgique, il est peu commun en Allemagne. À l’est, il atteint la Syrie, au sud le nord du Maghreb.

Atlas dynamique des Odonates
IUCN Red List

Comportement – Biologie

Les mâles se posent souvent à distance des rives, sur la végétation flottante. Après l’accouplement, la ponte se fait en tandem, la femelle insérant ses œufs dans les végétaux immergés ou des débris en surface et peut donner lieu à des rassemblements importants. La phase larvaire dure de 6 mois à un an et on constate donc 2 générations par an dans le sud de son aire.

Période de vol

On le rencontre de fin avril à septembre, mais il est plus commun de fin mai à mi-juillet.

Étymologie

Coenagrion est formé des 2 mots grecs Koinos – commun et Agrios – vivant dans les champs, sauvage. Ce nom de genre a été formé de façon complexe lorsqu’il a fallu rediviser les familles existantes, de nouvelles espèces étant découvertes, le terme « agrion » s’avérant insuffisant.
Scitulum, du latin scitus pour gracieux ou mignon, auquel est ajouté le suffixe diminutif ulus, pour rendre compte de sa petite taille, ce que l’on retrouve dans libell-ule ou Pyrrhosoma nymp-ula. Le nom d’espèce français, Agrion mignon, est ainsi la simple traduction du latin.

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