Il fait chaud et depuis la fin de matinée les Aeshna affinis, 5 ou 6 mâles, me narguent simulant une perche sur les joncs à massette avant de reprendre leurs incessants va-et-vient. Je n’ai pas fait de photos en vol, m’étant déjà livré a cet exercice quelques jours auparavant dans ma région. Lassé j’ai fini par les abandonner et continuer à faire des photos de S. meridionale parasités, très abondants dans ce marais du Logit.
En regardant au sol, j’ai aperçu à 2 mètres de moi, dans les joncs et les carex emmêlés, cet Aeshna affinis mâle en train de dévorer … ce que je n’arrivais pas à voir sous cet angle.
J’ai prudemment commencé à faire le tour des protagonistes tout en continuant à m’approcher et j’ai pu deviner que c’était sans doute un Sympetrum qui faisait les frais de ce goûter, il est en effet 17 heures 30.
Je n’ai pas cherché à l’identifier au-delà ; d’abord, c’est bien difficile dans l’œilleton de l’appareil photo et mon souci était surtout de faire d’autres photos, en continuant à me rapprocher.
Je n’y suis pas vraiment parvenu, car j’étais gêné par le fouillis de tiges qui les entourait. J’ai tout de même une vue agrandie qui permet d’observer quelques détails supplémentaires.
Et oui, les odonates quand ils se mangent entre eux commencent toujours par la tête dont il ne reste plus rien ici. Je crois d’ailleurs que nombre d’insectes ont les mêmes préférences gustatives, ce qui doit d’ailleurs répondre à un souci d’immobiliser la proie plutôt qu’à de réelles préférences gastronomiques.
D’ailleurs les pattes de la victime continuaient à bouger…
Si j’ai tout de suite reconnu la victime comme un Sympetrum dès que j’ai pu changer d’angle de vue, ce n’est que lorsque j’ai regardé les photos sur l’écran de l’appareil que j’ai finalement identifié une femelle Sympetrum sanguineum bien mature ; en effet les pattes sont noires et aucun autre Sympetrum dans cette région n’a les pattes toutes noires : ce n’est réservé qu’à 3 autres Sympetrum, depressiusculum, danae, pedemontanum qui n’habitent ni ce biotope ni cette région.
Comme je l’écrivais plus haut, la femelle était toujours active si ce n’est vivante. Et sur la dernière photo que j’ai faite on voit qu’un œuf vient d’être émis … sans doute quelque action réflexe, du même type que celle qui déclenche l’émission d’œufs lorqu’on les capture.
Mon récit peu paraître long, mais la scène n’a duré que 55 secondes avant que mon approche ne provoque l’envol du couple par-dessus une mare couverte de joncs à massette, sans espoir pour moi de le retrouver.
les petits drames de mère nature…en tout cas beau reportage et belles photos !