Le 15 septembre 2018 mon épouse m’a signalé le comportement bizarre d’une libellule devant la maison. Elle montrait un parcours erratique se posant à peine une seconde sur l’herbe ou les gravillons, pour aussitôt redécoller, monter à 2 ou 3 mètres parfois avant de retomber. Tout cela était très rapide et impossible à identifier depuis la maison.
J’ai pu m’approcher et surprendre cette pauvre Aeschne bleue posé sur le dos…
Son abdomen était amputé au niveau du 3° segment rendant le vol impossible en raison du déséquilibre induit.
Je me suis alors souvenu que 48 heures auparavant vers 7 heures 30 j’avais eu la surprise d’entendre puis de voir une libellule se cogner au moins 5 ou 6 fois dans une baie vitrée du salon, puis dans une autre. J’avais alors ouvert les 2 baies complètement afin d’essayer de la laisser rentrer et de l’identifier. Je ne l’avais pas revue et je n’avais surtout pas cherché par terre…
J’avais été surpris par le comportement parce qu’il arrive que les libellules se heurtent dans les baies vitrées mais elles ne recommencent pas. Surpris aussi par le fait qu’une libellule était déjà active à cette heure alors qu’il faisait certes beau mais à peine 12 °c.
Comme elle ne bougeait plus je me suis décidé à la capturer pour essayer de comprendre ce qu’il lui était arrivé. J’ai été étonné de constater que ce qui restait de l’abdomen semblait un peu replié sur lui-même et paraissait en quelque sorte cicatrisé. Pour compléter l’inventaire, il lui manquait 3 pattes.
C’est donc vraisemblablement une libellule encore jeune, mais mature de par sa coloration qui a été victime d’un prédateur et a réussi à s’en dégager. Ce qui est étonnant est qu’elle ait réussi à survivre ainsi au moins 48 heures sans se nourrir et à la merci du moindre prédateur.
Je me suis résolu à la sacrifier et j’ai tout récemment essayé de refaire des photos de son abdomen ; malheureusement la cuticule s’est dégradée et les photos ne permettent pas de comprendre mieux comme est replié son abdomen. Cette photo permet simplement d’apercevoir un des hamuli, ces crochets dans la partie toute antérieure de la fosse génitale qui verrouillent les pièces génitales femelles lors de l’accouplement.