Ci-dessus un premier exemple de Corduliidae avec Cordulia aenea ; si l’apparence globale est identique, on remarque que l’abdomen de la femelle est dilaté par la masse des ovaires ; c’est une différence de volume ou de finesse quasi constante entre mâles et femelles pour les odonates, mais elle est rarement aussi évidente.
Les appendices sont complexes pour les mâles avec une lame supraanale très bifide (dont on ne voit que la branche droite sur la photo ci-dessous), pour les femelles, les appendices supérieurs (cercoïdes) sont droits, simples et d’implantation écartée, laissant apercevoir le cône terminal de l’abdomen.
Les femelles Somatochlora se distinguent par leur lame vulvaire saillante, voire très saillante pour certaines, comme Somatochlora metallica. Comme pour tous les Corduliidae les mâles ont une forte saillie de leur appareil génital secondaire sous le S2 ; on l’aperçoit même la photo ci-dessous à travers la base de l’aile postérieure gauche. On remarque également sur cette même photo un autre élément de différenciation mâle/femelle sous la forme de cette échancrure de la base de l’aile postérieure (il existe bien d’autres critères spécifiques pour différencier les mâles des femelles au sein d’une famille, d’un genre ou d’une espèce, mais je me limite volontairement aux caractères communs à tous les odonates.)
Noter encore le volumineux abdomen de cette jeune femelle ci-dessus et le spectaculaire ovipositeur ci-dessous. Je me demande d’ailleurs pourquoi la nature lui a donné cet énorme outil en pioche alors que les œufs ne sont pas insérés dans un substrat, mais simplement largués au-dessus de l’eau…
Pour le mâle, on retrouve 2 cercoïdes et en dessous une lame supraanale.
Les Libellulidae sont certainement la famille pour laquelle il y a le plus de demandes de sexage, et d’erreurs, les débutants faisant souvent l’erreur de se fier à la coloration. En effet, les jeunes mâles de cette famille sont très ressemblants aux femelles sur ce point et les femelles de certaines espèces peuvent adopter la couleur des mâles. Mais il s’applique toujours les mêmes règles de discrimination : regarder sous le S2 (deuxième segment abdominal), et examiner l’extrémité de l’abdomen : pas de lame anale, des appendices anaux dont l’implantation est écartée signent une femelle.
Crocothemis erythraea est un bon exemple de piège ; si les mâles matures sont entièrement rouges, quand ils sont jeunes, ils sont jaunes ou dorés, comme les femelles jeunes ou matures.
Si on agrandit l’image, on voit très bien une forte saillie sous le S2 du mâle, et des appendices anaux supérieurs et inférieurs, là où la femelle ne montre que deux appendices anaux supérieurs dont l’implantation est largement écartée.
Et ces femelles, une fois matures, certainement une astuce pour échapper aux harcèlements des mâles matures, prennent parfois la couleur de ces derniers :
Si on aperçoit ci-dessus le renflement sous le S2 du mâle, il est facile de sexer la femelle avec ses appendices anaux écartés et petit cadeau supplémentaire de cette espèce, sa lame vulvaire saillant perpendiculairement à son abdomen, à l’union de S8 et S9.
Pour Orthetrum cancellatum ci-dessous, les vieilles femelles peuvent parfois se couvrir d’une pruinosité bleue qui peut induire en erreur, mais les appendices anaux sont très différents ; ils sont très écartés pour la femelle et laissent bien voir entre eux le cône terminal clair de l’abdomen, ou épiprocte.
Autre exemple avec Libellula fulva ci-dessous : mâles et femelles sont de couleur fauve quand ils sont jeunes, mais même sur ces vues générales, les appendices anaux apparaissent très différents.
Quand on se rapproche, comme toujours pour les anisoptères, on retrouve pour le mâle les 2 cercoïdes qui surmontent une lame anale, pour la femelle 2 cercoïdes d’implantation écartée et le cône terminal de l’abdomen.
Noter la différence de largeur de l’abdomen !
Enfin, dernier exemple avec cette star si commune et si souvent photographiée, Sympetrum sanguineum. Encore une fois, j’ai choisi de montrer un mâle mature et une femelle androchrome (qui tend vers la même couleur que le mâle) pour corser la difficulté d’identification.
Mais si on agrandit la photo, on aperçoit l’appareil génital du mâle sous le S2 à travers l’aile, et à l’extrémité de son abdomen les cercoïdes qui surmontent la lame supraanale. La femelle lisse sous le S2 montre des cercoïdes à l’implantation nettement écartée.