Le 9 février 2020 au matin lorsque j’ai découvert cet Orthetrum sur cette herbe j’ai pensé qu’il était simplement curieusement posé, mais au bout de quelques secondes, en l’absence de mouvement j’ai réalisé qu’il était mort. Si on trouve couramment des libellules mortes dans les toiles d’araignées ou même sur le sol, il est à ma connaissance très rare de les trouver posées sur un végétal.
Ci-dessous ce bouquet d’herbe d’environ 1 m 20 de haut.
Mais cet Orthetrum était loin d’être le seul sur cette plante; ci-dessous à gauche Orthetrum abotti femelle, à droite un mâle Pantala flavescens (même localisation, même date):
J’ai essayé de libérer ces libellules (mortes) mais il s’est avéré impossible de le faire sans déchirer leur ailes ou briser leur abdomen, ce qui témoignait d’une part de la qualité de la capture et d’autre part que leur mort n’était pas toute récente. Sans doute pas très ancienne non plus, il faut faire confiance au soleil de cette région (34 °C dans la journée) pour rapidement dessécher ce qui est exposé au soleil et au vent.
Cette inflorescence n’est pas collante mais lorsque l’on passe la pulpe des doigts dessus on sent une résistance pour les en enlever, comme si de minuscules crochets s’agrippaient aux sillons digitaux (qui forment les empreintes digitales).
Et en effet les cils (2 à 8 mm de long) portent de minuscules crochets ou retorses (environ 0, 1 mm de long) que j’ai eu du mal à mettre en évidence avec seulement mon 150 mm Macro (photos faites sur le terrain), mais la photo de droite est explicite (clic sur la photo !):
Ce n’était que ma première rencontre avec cette espèce commune en Namibie; j’ai pu apprécier tout son charme plus tard, à plusieurs reprises, lorsque j’ai passé des dizaines de minutes à enlever ces cils agrippés au tissu de mon pantalon: soit par inflorescence entières soit simplement par filaments qu’il faut saisir entre les ongles tellement ils sont fins et courts. Le système d’accrochage est tellement puissant que les fibres du tissu sont parfois arrachées lors du retrait, ce qui explique pourquoi les insectes capturés ne peuvent en réchapper.
Ces minuscules crochets ont également tendance à irriter la peau par frottement.
Setaria verticillata est une plante herbacée annuelle de la famille des Poaceae ; ce n’est pas une plante carnivore :). Les libellules et d’autres insectes (j’ai aperçu quelques diptères et hyménoptères) sont en quelques sorte des victimes collatérales de l’excellent moyen de dispersion des graines de cette plante. A coup sûr nous en avons tous rapporté dans nos contrées respectives, où elle est d’ailleurs certainement déjà implantée puisqu’elle est maintenant répandue dans de nombreuses régions tempérées et tropicales du monde (présente en France sous le nom de Sétaire verticillée).
Elle est considérée comme une « mauvaise herbe » des cultures et des pâtures ou elle se fait un plaisir de s’accrocher au pelage du bétail et se rencontre fréquemment dans les milieux perturbés (champs, décombres, vignes).
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