La Namibie est le 11° pays où je rencontre Ischnura senegalensis et je n’ai pas vraiment cherché à faire des efforts pour le prendre en photo, d’autant que nous l’avons rencontré presque tous les jours : il est présent depuis l’Afrique du Sud jusqu’en Mauritanie à l’ouest et à l’est jusqu’au Japon et à la Mongolie à travers l’Asie centrale et tropicale, et à travers l’Indonésie jusqu’à la Papouasie-Nouvelle-Guinée ! Ce qui explique qu’on lui donne différents noms : Marsh Bluetail, Ubiquitous Bluetail, African Bluetail, Golden Dartlet …
IUCN Red List
Les femelles immatures sont cependant toujours spectaculaires.
Et si je mets cette seconde femelle, c’est qu’elle m’a joué un tour que j’expliquerai quand j’aurai mis une autre espèce sur le site, une espèce que j’ai confondue avec cette femelle :
Il paraît bien mignon et inoffensif avec sa petite taille, 28 mm en moyenne ; mais il est agressif, tant pour la défense de son territoire qu’en ce qui concerne son alimentation et il s’attaque volontiers à des proies de grande taille. Il ne dédaigne pas les repas de famille puisque ci-dessous cette femelle dévore un jeune mâle de sa propre espèce, ce qu’on qualifie de cannibalisme.
Le cannibalisme est extrêmement rare parmi les odonates, qu’ils soient zygoptères ou anisoptères, c’est un sujet qui n’est pratiquement pas étudié. Les Ischnura sont bien représentés dans cette activité, presque autant que les Ceriagrion.
J’ai publié une étude beaucoup plus complète sur le cannibalisme entre zygoptères (demoiselles) sur cette page.
Et alors que nous avons eu bien du mal à trouver des Agriocnemis (les plus petits des Coenagrionidae) sur les berges de cette grande mare, cet Ischnura senegalensis s’est moqué de nous, en dégustant un Agriocnemis exilis…
Une dernière réflexion à propos de cette espèce si commune ; il semble que les sujets africains n’aient qu’une fine, voire très fine bande antéhumérale verte ; celui-ci n’en a quasiment pas, comme certains que j’avais rencontrés en Afrique du Sud ou à la Réunion. Celle des sujets asiatiques est plus large.
Étymologie
Ischnura (Charpentier, 1840) du grec « ischnos » – fin, et de « ura » – queue, soit abdomen pour les insectes. Beaucoup d’espèces à l’abdomen encore plus fin étaient inconnues quand Charpentier a nommé ce genre.
Senegalensis se réfère bien sûr au Sénégal, origine du premier spécimen décrit.
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