Thaïlande – Copera marginipes (Rambur, 1842)

Copera marginipes mâle, Thaïlande, Mae Ya Waterfall, 07/06/2024
Copera marginipes mâle, Thaïlande, Mae Ya Waterfall, 07/06/2024

Qand on a déjà prospecté en Asie, on ne fait plus trop attention à Copera marginipes qui est très commun ; et c’est un tort, car il est magnifique et à chaque fois, je regrette de ne pas lui avoir accordé plus de temps parce qu’en plus d’être spectaculaire, il est très variable en fonction de l’âge, les femelles montrant en plus deux formes.

Cette variabilité (et le manque de circulation de l’information) a fait qu’il a été décrit de nombreuses fois sous de noms différents ; d’abord par Rambur (1) en 1842 sous le nom de Platycnemis marginipes, puis par Selys en 1863 sous le nom de Psilocnemis marginipes, de Platycnemis lacteola et même de Psilocnemis striatipes dans le même document (2). Selys a précisé sa description en 1886 (3). Sahni, dont plusieurs « découvertes » ont été synonymisées, avait même cru y voir un Disparoneura bhatnagri en 1965.
Pourtant, depuis 1890, la majorité des auteurs avaient suivi Kirby (4) qui l’a définitivement (?) nommé Copera marginipes, le séparant comme Selys des Platycnemis mais abandonnant le « Psilocnemis » qui était préoccupé par un scarabée décrit par Burmeister en 1842.

Copera marginipes mâle, Thaïlande, Huay Kaew waterfall, 27/05/2024

On ne peut confondre le mâle, en tout cas en Thaïlande, qu’avec Copera vittata (ici en Malaisie) ; il s’en distingue par la coloration blanche des derniers segments qui atteint le S8, alors qu’elle colore à peine le S9. Plus scientifiquement, les appendices anaux supérieurs (paraproctes) sont très courts pour C. marginipes (on les devine sur la première photo), alors qu’ils atteignent la moitié de la longueur des inférieurs (cerques) pour C. vittata.
Dans A photographic guide to the Dragonflies and Damselflies of Singapore (5) on lit qu’il mesure 35 à 38 mm.

Copera marginipes femelle, Thaïlande, Mae Sa Waterfall, 28/05/2024
Copera marginipes femelle, Thaïlande, Mae Sa Waterfall, 28/05/2024

Les femelles immatures sont très claires, on parle de Ghost form, et présente une très intéressante et originale ponctuation sur le thorax. Cette singularité, partagée avec C. vitatta, disparaît plus ou moins chez les adultes, restant parfois discrètement visible même chez les mâles.
Certaines femelles adultes sont très différentes, leur abdomen s’assombrit considérablement. Elles ressemblent beaucoup aux femelles C. vittata et, en l’absence de mâles, je ne sais pas comment il est possible de les séparer…
Noppadon Makbu, odonatologue et chercheur thaïlandais, me précise qu’un caractère fiable est une forme blanche en « I » sur le 9° segment ; malheureusement, cela ne s’applique pas aux formes « Ghost » et je ne le devine que sur la dernière de mes photos de tandem, ci-dessous.

Copera marginipes femelle, Thaïlande, Chiang Mai, 25/05/2024
Copera marginipes femelle, Thaïlande, Chiang Mai, 25/05/2024

D’où l’intérêt d’observer et de photographier des tandems, en vol, posés ou en ponte.

Copera marginipes tandem, Thaïlande, Mae Ya Waterfall, 07/06/2024
Copera marginipes tandem, Thaïlande, Mae Ya Waterfall, 07/06/2024

D’autres, même si leur abdomen est presque aussi sombre que les mâles, sont quasiment androchromes, le jaune un peu plus fade, mais les derniers segments sont également blancs.

Copera marginipes tandem, Thaïlande, Chiang Mai, 25/05/2024
Copera marginipes tandem, Thaïlande, Chiang Mai, 25/05/2024

Ils se plaisent sur les ruisseaux, les canaux et les zones marécageuses peu profondes en forêt.
On le rencontre depuis l’Inde (la très large moitié est), jusqu’au sud de la Chine au nord et à l’Indonésie et Bornéo au sud.

En Asie, is prennent le nom anglais de Yellow Featherlegs soulignant la coloration jaune d’une part et les tibias élargis, garnis d’épines d’autre part.
On trouvera d’autres photos, des femelles d’aspect différent au Laos, au Vietnam, en Malaisie ou au Rajasthan (Inde).

Yellow Featherlegs tandem, Thaïlande, Tad Mok Waterfall, 28/05/2024

Étymologie
Copera serait un terme informel d’origine espagnole ou argentine (suggestion de Rhainer Guillermo, professeur de Sciences Biologiques au Brésil), issu du latin Copa, pour « tenancière de cabaret » et à l’époque de Rambur ou de Kirby les clients masculins de ces établissements désignait ainsi les danseuses. Il est vrai que le comportement en vol de ces Platycnemididae avec leurs pattes qui restent tendues, ou plutôt qui ne sont pas repliées, leur aptitude à sembler « butiner » ou à voler de façon saccadée, pourrait s’apparenter à une danse…
Marginipes, du latin margina pour « marginé, bordé » et pes pour « pied, jambe ». Selys en 1886 écrit : « … les fémurs marqués en dehors d’une série de petits points noirs, rapprochés, formant une raie « , une raie qui est donc « marginale ».

-1-Rambur, 1842 – Histoire naturelle des Insectes, p. 240.
-2- Selys, 1863 – Synopsis des Agrionines, 4° Légion Platycnemis, p 124.
-3- Selys, 1886 – Révision du Synopsis des Agrionines, p. 123.
-4- Kirby, W. F. (1890). A Synonymic Catalogue of Neuroptera Odonata, or Dragonflies. London: Gurney and Jackson.
-5- Robin Ngiam & Marcus Ng – A photographic guide to the Dragonflies and Damselflies of Singapore – John Beaufoy Publishing – 2022

0 0 votes
Évaluation de l'article
S’abonner
Notification pour
guest

0 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
0
Nous aimerions avoir votre avis, veuillez laisser un commentaire.x
Retour en haut