Comme tous les membres de son genre, les Protosticta trilobata mâle et femelle (Platystictidae) se posent quasi verticalement, pendant à un rameau ou à une feuille.
Même s’il n’est plus considéré comme rare, depuis que plusieurs espèces lui ont été adjointes par synonymie (1), il n’est pas facile à distinguer dans les sous-bois où le flash est indispensable, le genre en anglais prend d’ailleurs le nom justifié de Shadowdamsel.
L’IUCN Red List qui n’est pas à jour, le laisse cantonné dans une toute petite zone du Laos. Mais on doit donc lui ajouter l’aire de distribution de P. curiosa, qui est considéré comme un « junior synonym », celui-ci ayant de plus déja reçu d’autres espèces synonymisée avec lui (P. zhengi & P. albifrons (2)). Et l’aire de distribution de P. khaosoidaoensis, ainsi que celle de 2 autres P. sp. !
C’est donc un genre très difficile, et l’identification se fait sur les appendices anaux, complexes, fragiles (parfois abimés), légèrement variables (comme souvent) et parfois très proches. Le genre compte actuellement 58 espèces (3).
S’il est difficile à voir, c’est que son abdomen est excessivement fin : il mesure au total 46 mm avec un abdomen de 40 mm et des ailes étonnamment courtes, de 18 mm.
Nous l’avons observé en forêt, près d’une chute d’eau de laquelle s’échappait un ruisseau générant une zone d’eau plus calme.
On le rencontre donc en Thaïlande assez largement, au Myanmar, au Laos, au Vietnam (ou je l’avais contacté, sans le savoir, en 2018) et dans le sud de la Chine.
Toujours au même endroit, j’ai trouvé une femelle, avec un abdomen plus épais, et un mâle émergent.
Etymologie
Protosticta (Selys, 1885), du grec protos, premier et de sticta, forme latinisée du grec stiktos, pour tatoué, marqué, bien qu’il ne faille certainement pas y chercher un sens particulier se rapportant à une ou des marques spécifiques, mais plutôt l’appartenance à un famille d’insectes d’apparence voisine : Platysticta, Drepanosticta, Isosticta, Ceylonosticta, Sinosticta, Sulcosticta, Telosticta, Yunnanosticta, tous membres des Platystictidae. Selys dans « Programme d’une revision des Agrionines » (4) dans lequel il crée ce nouveau genre précise qu’il est très proche, mais sans doute antérieur (premier dans l’évolution) aux Platysticta, car on note « l’absence de rudiment du secteur inférieur du triangle« . Il est évident que « sticta » s’est sûrement rapporté, à l’origine, à un détail de coloration particulier, pour un de ces genres, mais j’ignore lequel…
Trilobata, du latin tri, pour trois et du latin moderne lobata signifiant lobé pour insister sur le fait que l’extrémité des cerques est trilobée.
1- Quoc Toan Phan, Naoto Yokoi, Quoc Phu Ngo & Minh Ty Nguyen (2022):Taxonomic and faunistic notes on the genus Protosticta Selys, 1885 in Laos (Odonata: Zygoptera:Platystictidae) – Aquatic Insects, International Journal of Freshwater Entomology.
2- Kompier T. (2018). Protosticta curiosa Fraser, 1934 and its synonyms in Vietnam and China (Odonata: Platystictidae). Zootaxa, 4434(2), 373.
3- World Odonata List -Odonata Central.
4- Selys Longchamps, E. de. (1885). Programme d’une revision desAgrionines. Annales de la Société Entomologique de Belgique,29, 141–146