J’ai rencontré Africallagma glaucum dans les jardins du musée de l’Apartheid, à Johannesburg, le 30 octobre 2017, dans des herbes hautes, à une vingtaine de mètres d’un tout petit bassin décoratif. Il est facilement identifiable avec l’absence de ligne noire sur la suture métapleurale et la large ligne bleue entre les taches postoculaires, comme notre Enallagma européen.
Il se différencie des autres Enallagma africains par la quantité de noir qu’il porte sur le thorax et l’abdomen.
Le sujet ci-dessus porte quelques parasites, sans doute des hydracariens du genre Arrenurus, fixés sur ses nervures, afin de se nourrir de l’hémolymphe de leur hôte.
Cette observation m’a donné l’idée de parcourir les photos de cette espèce sur iNaturalist ; même si je n’ai visionné qu’environ 500 photos, l’espèce apparaît souvent parasitée et le plus surprenant est que la localisation est toujours la même, à la base des ailes. On sait que la contamination se produit au dernier stade larvaire, où les parasites se logent sous les fourreaux alaires pour migrer dès l’émergence, de ce qui devient l’exuvie, vers l’imago. Mais bien fréquemment, ces parasites ne se limitent pas aux ailes et leur présence est plus généralement observée sur le thorax des zygoptères.
Ici quelques-unes de ces observations sur iNaturalist.
Il mesure environ 28 mm, se plait dans les eaux calmes ou faiblement courantes, et, très commun, on le rencontre dans toute la moitié sud de l’Afrique, parfois en nombre, témoin de son comportement grégaire.
IUCN Red List
En anglais, il prend le nom de Swamp bluet.
Je suppose que ces jeunes mâles Africallagma glaucum émergeaient du bassin en marbre agrémenté de quelques plantes aquatiques à peu de distance, en plein passage de la foule de touristes. Il n’y a actuellement pas d’autre point d’eau alentour, et même si un « lac » est signalé à l’intérieur du site, il ne contient pas une goutte d’eau ni de boue tant la sécheresse est sévère.
Comme on le voit ci-dessous, les mâles immatures sont de la même couleur que les femelles, mais celles-ci portent aussi du noir sur les derniers segments.
Étymologie
Africallagma est un genre créé par Kennedy en 1920. S’il n’explique pas l’étymologie, elle semble évidente, de Africa pour Afrique et allagma pour signaler qu’il crée ce nouveau pour justement abriter certains Enallagma africains, et en particulier Enallagma glaucum dont il fait l’espèce type. Ils se distinguent en effet des Enallagma (absence de ligne noire sur la suture métapleurale) par la présence sur le S10 d’une crête entaillée longitudinalement, que l’on voit malheureusement assez mal sur ma photo ci-dessous, et dont les flèches signalent les deux berges.
Glaucum, signifie bleu-gris en latin et serait, d’après Sühling et Martens (2), en rapport avec la couleur de l’abdomen, sans autre explication. Je ne comprends pas vraiment cette interprétation, car je le vois plutôt bleu ciel, comme beaucoup de Coenagrion. Si ce n’est que, comme très souvent, la description de Burmeister a été faite sur un sujet en collection, desséché et dont les couleurs ne reflètent pas la réalité.
1- Kennedy, Clarence H. 1920. Forty-two hitherto unrecognized genera and subgenera of Zygoptera. The Ohio Journal of Science 21(2): 83-88.
2- Dragonflies and Damselflies of Namibia – Frank Suhling et Andreas Martens