C’est la première fois que j’ai l’occasion de photographier un Aeshna mixta mâle immature et j’ai la chance qu’il soit venu se poser sur les mûres que je palisse sur un mur de ma maison. C’est en inspectant la maturation de ces fruits, vers 17 heures, que je l’ai découvert. Il n’a heureusement pas bougé pendant que j’ai été chercher mon appareil photo… (ce n’est pas le cas d’un magnifique jeune Somatochlora metallica, la veille).
Qu’ils soient jeunes ou matures, l’identification ne pose pas de problème, surtout en vue dorsale comme ci-dessus : les bandes antéhumérales sont très courtes et il porte un clou jaune très bien dessiné sur la face dorsale du deuxième segment abdominal.
Latéralement, sur le thorax, on note les deux larges bandes claires, séparées par une brune.
Il s’est avéré très patient, j’ai pu m’approcher, me déplacer pour changer d’angle et l’aveugler avec mon flash…
Sur la photo de gauche, ses ommatidies, ses yeux élémentaires, sont bien visibles, tout comme le « T » noir, ici très gras, que de nombreux Aeshnidae portent sur le front.
Un petit détail intéressant est visible sur la photo de droite (clic !) : entre les deux bandes jaunes, presque au sommet de celle de gauche, on devine une petite structure ovale cernée de noir, fendue en son centre. Il s’agit du spiracle métathoracique, un des orifices permettant à la libellule de respirer.
Les motifs abdominaux ne sont pas encore aussi magnifiquement colorés qu’ils le deviendront chez les adultes, mais ce pattern original vaut à ce genre le nom générique anglais de Mosaik Darner, ce qui est facilement compréhensible, en tout cas pour Mosaik.
Une vue rapprochée de l’extrémité de l’abdomen est l’occasion de rappeler le changement de nom souhaitable (1) des appendices anaux pour être cohérent avec l’appellation des pièces anatomiques des larves (et la nomenclature anglo-saxonne) : la structure médiane que nous appelons aussi lame supraanale doit être appelée épiprocte (d’où le terme Epiproctophora), tandis que les structures latérales, les appendices anaux supérieurs devraient être appelés cerques (et non plus cercoïdes).
Bertrand Piney & Régis Krieg-Jacquier – Nomenclature française des appendices anaux des imagos et larves d’odonates : pour l’abandon du terme « cercoïdes », Martinia 38 (1) : 1–19, 2024/01
Des articles toujours très intéressants surtout lorsqu’il s’agit d’espèces de chez nous. Merci pour toutes ces informations.