Perilestes sp. est un genre rarement observé. Celui-ci est venu se poser sur notre pirogue alors que nous quittions l’Amazon Research Center, sur la rivière Tahuayo. C’est sans doute la raison pour laquelle aucune de mes photos n’est correctement cadrée…
On remarque tout de même les ailes très courtes par rapport à un abdomen extrêmement long, le thorax minuscule. Et l’ovipositeur massif, globuleux, une des caractéristiques du genre.
C’est bien sûr un sujet quasi émergent ; je ne sais pas pourquoi il a été identifié sur place comme Perilestes fragilis ; c’est sans doute le seul connu ou enregistré dans cette zone, mais mes photos ne permettent pas de l’identifier et de le séparer des 8 autres espèces qui figurent sur la World Odonata List.
Perilestes sp. femelle, Pérou, ARC (Chino), 21/08/2023
L’identification de la famille des Perilestidae nécessite de voir le quadrangle, une cellule quandrangulaire de la base de l’aile, qui, pour cette famille, touche par son apex le bord postérieur de l’aile.
Les Perilestes se distinguent ensuite des Perissolestes par le fait que la veine intercalaire IR1 se détache sous, ou après le ptérostigma (une cellule ou plusieurs cellules avant le ptérostigma pour les Perissolestes). Le fait que les 4 ailes soient superposées ne facilite pas l’analyse…
Les adultes Perilestes sont sombres et ternes et passent facilement inaperçus en forêt, il y a donc un potentiel élevé pour de nouvelles espèces. Leur taille oscille entre 48 et 54 mm.
Leurs larves vivent dans les ruisseaux forestiers.
Perilestes (Hagen in Selys, 1862) du grec peri, –autour de et de lestes pour signifier la proximité de ce genre avec les Lestes.
Lestes a été créé par Leach (1815) et vient du mot grec ληστησ qui signifie voleur ou pirate, très vraisemblablement en raison de la forme des appendices anaux qui évoque le coutelas courbé des pirates.
Et non du fait de leur agilité, du fait qu’ils soient lestes, comme j’avais essayé de le démontrer ici (sans savoir d’ailleurs que c’était la théorie que défendait Paul Henri Robert dans ses « Libellules »).
Il est très intéressant de lire à ce sujet l’analyse, sans doute définitive, faite par Matti Hämäläinen & Heinrich Fliedner (3).
1– Kennedy Clarence Hamilton, Perilestinae in Ecuador and Peru : revisional notes and descriptions (Lestidae : Odonata), Volume 34, Number 3: Annals of the Entomological Society of America.
2 – Damselfly Genera of the New World, Annotated Key to the Zygoptera, Rosser W. Garrison, Natalia von Ellenrieder et Jerry A. Louton, Johns Hopkins University Press, 2010.
3- Why did William Elford Leach call a small damselfly a « pirate » ? – Revisiting the etymology of the genus Lestes (Odonata: Lestidae), Matti Hämäläinen & Heinrich Fliedner, Notulae odonatologicae 10(1) 2023:8-16.