Oligoclada pachystigma (Karsch, 1890)

Je n’ai pas de certitude absolue en présentant cet Oligoclada pachystigma, disons que j’ai tout de même, comme on dit dans les enquêtes policières, un faisceau d’indices concordants. D’abord, c’est le 3° Oligoclada, bien différents des deux autres déjà sur le site, mis en évidence dans cette réserve par Tim Faasen. Ensuite, un bon nombre de critères de nervation sont cochés, mais je suis obligé de m’arrêter (assez loin) dans la clé de Borror (1) aux griffes des tarses… dont je n’ai bien sûr pas de photo correcte, loin de là !

Les triangles et subtriangles des ailes antérieures et postérieures sont libres, la dernière nervure anténodale est complète, la carène latérale du 4° segment abdominal est très faiblement marquée. Ici, un rappel de la nomenclature alaire sur une aile de Uracis siemensi.
Il y a deux rangées de cellules au-delà du triangle de l’aile antérieure (champ postdiscoïdal), deux rangées de cellules entre le bord postérieur de l’aile postérieure et la boucle anale (champ anal). Noter d’ailleurs la forme de cette boucle anale, en botte (une jambe avec un pied), ce qui n’est pas commun parmi les Oligoclada.
À ce point, la clé apprécie la présence ou non d’une dent sur les griffes du tarse… mais en dehors de O. Pachystigma, elle ne débouche que sur des espèces qui ne sont pas présentes dans cette région du bassin amazonien.

On le rencontre donc dans la partie ouest du bassin amazonien, de l’état brésilien du Rondônia à la Guyane Française à l’est, jusqu’au Pérou, Colombie, Équateur et Venezuela à l’ouest.
Nous ne l’avons rencontré que sur un seul site, une zone marécageuse au bord d’un petit lac, en limite de forêt, peut-être l’endroit ou en saison se déverse un petit ruisseau, en compagnie de O. monosticha, dont on le distingue assez facilement, car ce dernier ne montre qu’une seule rangée de cellule dans le champ discoïdal.

Ci-dessous un individu dont le thorax et les premiers segments sont plus envahis de pruine blanchâtre, mais dont les caractéristiques de nervation concordent parfaitement.

Étymologie
Le genre a été créé par Karsch (2), pour y placer cette espèce. 
Oligoclada de deux mots grecs, oligo pour –peu, faible et klados signifiant –branche, sans doute pour la nervation lâche et réduite (il n’y a pas d’indication dans le texte de Karsch).
Pachystigma : pachy, du grec -pakhús signifieépais, gras et stigma pour -marque, qui se réfère, pour les odonates, au ptérostigma. Karsch écrit : »Pterostigma schmutzig gelb, dick » (« Ptérostigma jaune sale, épais »). J’ai comparé avec les ptérostigmas des différentes espèces dont j’ai des photos, et je ne trouve pas de différence sensible d’épaisseur, mais Karsch a décrit l’espèce à partir d’une femelle.

1- Donald J. Borror, « The Genus Oligoclada (Odonata) », University of Michigan, Museum of Zoology, April 30, 1931.
2- Karsch, F., 1890. Beiträge zur Kenntniss der Arten und Gattungen der Libellulinen. — Berliner Entom. Zeitschr. 33 Η II: 347-392

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