Comme on peut s’en douter, cette rencontre avec Erythemis plebeja mâle immature s’est faite de nuit. C’est la seule rencontre de notre séjour. Il est venu s’abattre sur un piège à lumière placé dans une coursive du lodge, coursive à l’air libre, sur pilotis, pour la préserver des inondations annuelles. Le lodge est situé entre la forêt et la rivière Tahuayo et le piège a attiré des centaines de papillons de nuit et d’autres insectes et araignées.
C’est un jeune mâle qui deviendra complètement noir. Il conserve les marques claires de son abdomen, les mêmes portées par les femelles.
On peut le confondre avec Erythemis attala, mais l’abdomen de ce dernier est plus large, plus massif et ne montre pas ces premiers segments dilatés, suivis d’un étranglement.
L’opinion actuelle est de penser que les odonates ne sont pas attirés par la lumière, mais seulement perturbés et ils adoptent alors un comportement « irrationnel ». Ce qui est aussi étonnant est que cette espèce, selon une étude de 2002 (1), n’est ni précoce dans la journée et en tout cas pas tardive ; cette photo a été faite à 21 h 15.
Les Erythemis plebeja se plaisent sur les mares, les lacs, les canaux fournis en végétation émergente, les rivières à courant lent.
Il mesure environ 45 mm.
Son aire de distribution s’étend du Texas et de la Floride à l’Argentine.
IUCN Red List
J’avais d’ailleurs rencontré l’espèce au Panama, au Brésil et au Mexique. On y trouvera des photos de mâles matures et de femelles ainsi que d’autre détail de comportement, en particulier dans les pages Panama.
Erythemis (Hagen, 1861) (2) du grec e̍rythrós, rouge et de Themis. Il faut supposer que si Hagen a choisi Themis, – déesse grecque de l’ordre et de la justice, c’est à la fois pour respecter la « mode » qui consistait à donner un nom en rapport avec la mythologie, très en vogue à cette époque, et parce qu’elle est particulièrement bien adaptée à la taxonomie, science qui vise à décrire et ordonner et classer les familles, genres et espèces. Quant au qualificatif « rouge », il s’explique par le fait que Hagen a inclus dans ce nouveau genre trois espèces dont l’abdomen des mâles est rouge ou ferrugineux.
Plebeja, du latin plebeius, signifiant –plébéien, du peuple, de la plèbe. Plusieurs explications sont proposées pour expliquer cette étymologie ; sa couleur sombre rappellerait les vêtements du bas peuple… mais Burmeister n’a-t-il pas seulement voulu signaler que l’espèce est très commune (2) ?
1- P. de Marco, A.O. Latini & P.H.E. Ribeiro, Behavioural ecology of Erythemis plebeja (Burmeister) at a small pond in southeastern
Brazil (Anisoptera: Libellulidae), Odonatologica31(3) : 305-312, September 1, 2002.
2- The Scientific Names of North American Dragonflies, Heinrich Fliedner, Ian Endersby – Busybird Publishing 2019