Metaleptobasis gabrielae (Coenagrionidae) a été décrit par Natalia Von Ellenrieder dans une publication spectaculairement détaillée (1), à propos de ce genre qui comprend actuellement 32 espèces et qu’il faut séparer en utilisant les appendices anaux et les cornes qu’ils portent à la partie toute antérieure du mésépisterne (épisterne mésothoracique). Ce sont des odonates longs et minces qui malgré leur couleur vive, et en particulier leur dernier segment souvent orange vif, passent facilement inaperçus tellement ils sont justement fins.
Il mesure environ 45 mm en moyenne, de 2 mm de moins environ pour les femelles.
On note la projection recourbée du S10, dont on verra plus loin la fonction.
Natalia Von Ellenrieder (1) suggère que les cornes des mâles sont un élément du dimorphisme sexuel, sans doute plus efficace que la coloration dans leur habitat très sombre ; ce dimorphisme est en effet très limité, mâles et femelles ont la même apparence. Et si les femelles peuvent également arborer ces appendices, ce serait, comme on l’a suggéré pour la coloration des femelles androchromes (dans des espèces au dimorphisme sexuel normalement prononcé), pour limiter le harassement des mâles.
Nous les avons rencontrés en forêt sombre, dans des zones marécageuses, sans jamais noter la proximité de ruisseaux ou de pièces d’eau.
Sa distribution est extrêmement limitée puisque l’espèce n’est connue que de la zone où nous l’avons trouvé, soit le département de Loreto, au Pérou.
IUCN Red List
C’est le plus commun des Metaleptobasis de cette zone et nous avons observé plusieurs fois des tandems ; malheureusement, l’ensemble est tellement allongé et que le résultat photographique n’est pas au rendez-vous.
Il vaut donc mieux s’approcher de ce tandem si on veut apprécier les détails.
À gauche, ci-dessous, on retrouve les épines bien visibles sur le mésépisterne du mâle.
À droite, on distingue les appendices anaux du mâle qui se positionnent, à l’union du mésothorax et du pronotum pour les cerques, plus en avant pour les paraproctes, alors que la projection du S10 vient s’appuyer sur le mésothorax, juste en arrière du point de départ des épines de cette femelle.
Noter d’ailleurs comme ces épines ont une orientation différente de celles du mâle, elles sont très peu redressées, presque collées au mésothorax et dirigées un peu vers l’arrière. Cette différence est assez commune ; elles sont également variables en forme au sein d’une même espèce de femelle, quand elles sont présentes, ce qui indique sans doute leur rôle moins prépondérant que pour les mâles dans la reconnaissance des partenaires.
Metaleptobasis (Calvert, 1907), du grec meta, signifiant -au-delà, à côté, avec et de Leptobasis, un genre créé par Selys en 1877, pour signifier que ce nouveau genre est proche de Leptobasis. Ce dernier genre doit son nom à deux mots grecs, λεπτός, pour fin, mince, et βάσις, pour base, pour souligner l’étroitesse de la base de l’aile, qui est dite pétiolée (2). Selys y avait regroupé tous les zygoptères présentant des ailes pétiolées et devant la découverte de nouveaux spécimens, il a été nécessaire de diviser ce genre en affinant la nervation.
Gabrielae ; Natalia Von Ellenrieder précise qu’elle a nommé l’espèce en l’honneur « de ma chère mère, qui a toujours encouragé ma créativité et m’a apporté soutien et conseils pour toutes les entreprises dans lesquelles je me lancerais » (1).
1- A revision of Metaleptobasis Calvert (Odonata:Coenagrionidae) with seven synonymies and the description of eighteen new species from South America, NATALIA VON ELLENRIEDER, Zootaxa 3738 (1): 001–155, Copyright © 2013 Magnolia Press
2- The Scientific Names of North American Dragonflies, Heinrich Fliedner, Ian Endersby – Busybird Publishing 2019