Nous n’avons rencontré Neoneura bilinearis (Protoneuridae) que 2 fois, l’une sur le Rio Tahuayo et l’autre sur un bras de l’Amazone, lui au milieu de l’eau et nous sur une pirogue, ce qui explique à la fois la qualité des photos et leur faible nombre… Sur place, je l’ai identifié par erreur comme une espèce proche, que j’avais contactée en Colombie et au Brésil, Neoneura confundens.
En fait, c’est historiquement l’inverse, Neoneura confundens étant longtemps resté caché et confondu (comme son nom l’indique) avec Neoneura bilinearis, jusqu’en 2013 et la publication de Marcel Wasscher dans Zootaxa 3599 (1): 019–036, « The true identity of Neoneura bilinearis Selys, 1860, with the synonymy of N. gaida Rácenis, 1953, and the description of N. confundens sp. nov.(Odonata: Protoneuridae« .
L’identification est beaucoup plus facile quand on voit les sujets l’un à côté de l’autre ; la différence la plus évidente est la coloration du 8° segment abdominal, presque entièrement jaune vif pour N. confundens, vert dans la même teinte que l’abdomen pour N. bilinearis. On note également pour ce dernier une petite marque noire qui s’échappe à la partie inférieure et postérieure de la large bande antéhumérale noire.
Il est aussi plus petit que son cousin et mesure entre 29 et 33 mm, 30 à 36 pour son cousin, mesures que l’on trouve dans l’excellent Tabel voor de libellen van Suriname, de Marcel Wasscher et qui est disponible en chargement libre sur le Web !
C’est une espèce rare, essentiellement présente sur les rivières et les ruisseaux, beaucoup plus rarement sur des milieux lentiques, que l’on ne trouve qu’au nord du Brésil, au Pérou, au Venezuela et au Suriname.
IUCN Red List : malheureusement le site n’est pas à jour (2009), la distribution relatée ne le distingue pas de celle de Neoneura confundens.
Les femelles montrent un motif thoracique bien différent, où les lignes noires sont discrètes avec une simple ponctuation, de la même façon que pour sa cousine N. confundens.
Neoneura du grec neo pour nouveau et de la forme latinisée du grec neuron, signifiant nerf, tendon, veine. Selys créé ce genre comme un sous-genre de Protoneura et semble trouver la preuve dans la nervation qu’il est plus historiquement plus récent, sans apporter d’explication (ou tout simplement qu’il est très proche du genre protoneura ?)(1).
Bilinearis composé de bi, pour deux et de linearis, de linea signifiant fil, ligne et du suffixe aris, sans signification particulière (à mon sens !). Selys dans son Synopsis des Agrionines, dernière légion : Protoneura écrit « Thorax olivâtre, avec deux bandes submédianes épaisses, rapprochées, une humérale double, et une ligne latérale noire » et le nom d’espèce se réfère vraisemblablement à la double bande antéhumérale. Neoneura confundens montre les mêmes lignes thoraciques, mais Selys ne le connaissait pas…
1- The Scientific Names of North American Dragonflies, Heinrich Fliedner, Ian Endersby – Busybird Publishing 2019