En Australie, il y a 4 Tramea (Libellulidae), 3 dans les régions que j’ai prospectées (Territoire du Nord et nord du Queensland). Tramea Loewii est le plus commun, son nom australien est d’ailleurs Common glider, il mesure environ 45 mm.
Tramea propinqua est extrêmement rare, et n’est sans doute qu’une forme de Tramea transmarina qui présente des marques alaires allongées et étroites. Tramea stenoloba que nous étions susceptibles de rencontrer, ressemble beaucoup à Tramea Loewii mais son thorax est vraiment rouge, du même rouge que l’abdomen. Hélas, nous ne l’avons pas vu.
La tache alaire basale est large, et atteint tout juste le triangle et la boucle anale. Comme pour la plupart des Tramea rouges (il y en a au moins une bleue), les veines sont rouges et ressortent magnifiquement sur la tache alaire sombre.
On note la largeur à la base de l’aile postérieure, soulignant une adaptation au vol plané et donc aux déplacements au long cours.
Ci-dessous la posture classique des Tramea; on peut identifier le genre à… 50 mètres, rien que par cette angulation étonnante entre le thorax et l’abdomen. Pourquoi adoptent-ils cette posture, je pense que c’est encore un mystère, si tant est qu’il y ait une explication.
Il se plaît sur une large gamme d’eaux tranquilles, les mares même temporaires, les marais, lacs, billabongs et étangs.
Il est très souvent posté au sommet d’un rameau et on peut aussi le rencontrer à distance de l’eau, chassant dans une prairie, comme ci-dessous à droite.
L’espèce est largement distribuée en Australie et n’est absente que du quart sud-ouest.
Elle est également présente en Indonésie (Papouasie et îles de la Sonde), en Micronésie, en Nouvelle-Calédonie, aux îles Salomon et depuis 2005 en Nouvelle-Zélande.
IUCN Red List
Atlas of Living Australia
Je n’ai vu que des femelles en vol, en ponte. Pour photographier la ponte, il faudrait filmer en cadrant moins serré, car elle est tout à fait particulière ; le couple se déplace en tandem au-dessus de l’eau, la femelle s’en détache pour frapper l’eau de son abdomen et laisser un ou quelques œufs, sous la surveillance de son partenaire, et elle remonte pour être « récupérée » par le mâle. C’est encore un moyen utilisé par les mâles pour s’assurer que les œufs seront bien fécondés par leur semence et éviter que la femelle ne se fasse capturer par un autre mâle, qui saura éliminer ou repousser le sperme du mâle précédent.
Enfin, un peu de piquant avec le bec du Guêpier arc-en-ciel, Merops ornatus. Nous les avons observés durant 3/4 heure, dans une gorge rocheuse, où nous avons trouvé très peu d’odonates. Il faut se rendre à l’évidence qu’ils sont bien meilleurs que nous pour les trouver, ce sont d’ailleurs les seuls Tramea que nous verrons ce jour. Il s’agit de deux photos de deux séquences différentes, à une demi-heure d’écart. Mais ces guêpiers sont tellement beaux, qu’on ne peut que leur pardonner cette faute de goût.
J’étais malheureusement loin d’eux, avec mon 150 mm macro et un multiplicateur x1.4, et les photos sont fortement recadrées.
Dans sa version non publiée, Hagen avait décrit ce genre sous le nom de Trapezostigma (1), dont l’étymologie est assez évidente, de deux mots grecs, l’un signifiant trapèze et l’autre tache, se rapportant aux petits ptérostigmas en trapèze du genre. Mais dans la description du genre publiée en 1861, Hagen a réduit le nom à Tramea, ajoutant un jeu de mot avec le latin –trameare, qui signifie traverser, passer, en référence à son comportement vagabond.
Loewii est plus mystérieux et on ne sait si c’est pour rendre hommage à Friedrich Hermann Loew, entomologiste allemand ou Franz Löw, physicien et entomologiste autrichien ; aucun lien entre ces deux personnages et Kaup n’a pu être établie.
-1- The Naming of Australia’s Dragonflies, Ian Endersby & Heinrich Fliedner, Busybird publishing.