Sur une vue rapprochée, les différents segments de Coenagrion ornatum mâle et des C. mercuriale portent des motifs différents, en tout cas en ce qui concerne S2 à S5. S8 est bleu avec très souvent 2 points bleus visibles pour les deux espèces, S7 et S6 sont très ressemblants.
Si les motifs des S2 semblent bien dans la même inspiration, celui de Coenagrion ornatum porte une épine acérée en son centre : il ressemble à un as de pique auquel on aurait ajouté des bras. Et l’on retrouve ce long et spectaculaire motif pointu sur les segments suivants; ceux de l’Agrion de mercure sont beaucoup moins acérés.
Un autre détail qu’il est censé partager avec C. mercuriale est « le ptérostigma à centre sombre » ; mais comme la majorité des Coenagrion de France ont des ptérostigmas sombres, sauf C. scitulum et C. caerulescens, j’aurais plutôt tendance à le décrire comme sombre à marge claire, étant entendu qu’il est contenu dans une cellule dont la nervation est noire, comme le reste de l’aile. Mais, je trouve que cette singularité est plus accentuée pour l’Agrion orné.
Du peu que j’ai pu en voir, le comportement de Coenagrion ornatum mâle est similaire à celui de son presque sosie; une errance entre les herbes, sur une dizaine de mètres de ruisseau/fossé, à la recherche d’une femelle. Avec de très rares stations posées.
Un orage a interrompu mon observation vers 15 heures, après avoir rencontré un tandem, une femelle émergente et un seul mâle…
J’en ai profité pour visiter un autre site à proximité, un autre ruisseau fréquemment piétiné par les troupeaux, que m’avait indiqué le propriétaire qui faisait les foins à côté, ruisselet malheureusement à sec.
À mon retour vers 16 heures, après une faible pluie, le comportement avait radicalement changé et C. mercuriale comme C. ornatum étaient beaucoup plus calmes, le plus souvent posés, ce qui facilite grandement l’identification et les photos ! Il m’a semblé alors que les Coenagrion ornatum mâles étaient nettement plus nombreux, peut-être une dizaine.
Je ne sais pas ce qui a provoqué ce changement et cette augmentation du nombre, est-ce l’orage ou simplement l’heure plus tardive, je n’avais jamais noté une telle évolution. Il faisait pourtant toujours aussi chaud, même si le ciel était couvert (d’où de nombreuses photos attristées par le manque de soleil).
D. Grand et J-P Boudot écrivent dans « Les Libellules de France, Belgique et Luxembourg » de D. Grand et J-P Boudot que tout comme l’Agrion de Mercure, il reste longuement posé dans la végétation…
Paul-André Robert dans « Les Libellules » dit « qu’il se tient posé contre les herbes dans la végétation, le corps pendant presque verticalement, les ailes légèrement entrouvertes… Mais, dans le milieu du jour, quand il fait chaud, il se met à voler et suit volontiers le cours du ruisseau à une faible hauteur. »
A lire : Necessity for the conservation of drainage systems as last refugia for threatened damselfly species, Coenagrion ornatum, sur Researchgate.