Brachytron pratense, l’Aeschne printanière, n’est vraiment pas commune dans mon Maine-et-Loire, d’ailleurs, elle n’est commune en France que sur certains sites.
Description – Identification
Sur un fond brun, la face latérale du thorax velu des mâles est largement jaune ou vert avec 2 sutures thoraciques soulignées de marron foncé, et une bande ante humérale jaune complète. Les ailes sont hyalines avec des nervures transverses ante nodales jaunes (selon l’incidence de vue !) et de longs et fins ptérostigmas. L’abdomen est peu étranglé au niveau du 3° segment et montre des taches bleues paires sur les segments 2 à 10. Il mesure 54 à 63 mm.
Les femelles (que je n’ai jamais vues isolées) sont jaunes de la même façon sur le thorax, mais leurs bandes ante humérales sont plus courtes. Leu abdomen montre des paires de taches jaunes, là où celles des mâles sont bleues.
On peut les confondre avec de petites æschnes, comme A. mixta, mais elles ne volent pas encore. Seul A. imperator, plus grand, plus bleu, vole à la même saison.
Habitat – Biotope
Il se plait sur les eaux stagnantes permanentes dont les rives sont bien végétalisées, essentiellement en plaine : canaux, fossés, mares et lacs bordés de carex, de roseaux ou de joncs à massette.
Comportement – Ecologie
Les mâles volent bas, le long ou à travers la végétation des berges (on entend le bruissement des ailes), à la recherche des femelles, qui sont excessivement discrètes et peu contactées. Le vol est zigzaguant, erratique, les rendant difficiles à photographier en vol. Ils ne s’intéressent pas aux autres libellules, mais sont agressifs avec les autres mâles de leur espèce.
Les accouplements se déroulent près de l’eau et peuvent durer 45 minutes.
Les femelles, parfois gardées par les mâles, pondent dans les débris décomposés à la surface de l’eau. La vie larvaire dure en principe 2 à 3 ans.
Période de vol
On trouve Brachytron pratense de fin mars à début août si on cherche les records, mais il atteint son pic de fréquence en mai, dans le nord ou le sud de la France. Et si on veut le trouver, il vaut mieux le chercher de la fin avril à la mi-juin.
Distribution géographique
En France, la distribution de Brachytron pratense est… erratique et je vous invite à consulter l’excellent article (avec carte de distribution) que lui a consacré Philippe Lambret sur le site de l’OPIE et dont le lien est donné quelques lignes plus bas.
Il est limité à l’ouest et au centre de l’Europe. Absent de l’Afrique du Nord et très limité au nord de l’Espagne et l’ouest Portugal, il est présent en Irlande et en Angleterre, mais absent d’Écosse. Il atteint le sud de la Scandinavie et à l’est il ne dépasse pas l’Oural.
Il est présent aux limites est de l’Europe, très disséminé.
– Atlas dynamique des Odonates de France –
– IUCN Red List –
Etymologie
Brachytron, de 2 mots grecs, brachynô pour court et êtron pour abdomen, et en effet, l’abdomen est court et robuste, l’espèce est la plus petite de nos Aeshnidae européens ; cette explication est donnée par le créateur du genre (Evans, 1845), d’ailleurs monospécifique. Ce nom de genre relève cependant d’erreurs linguistiques et aurait dû s’appeler Brachyetron (1).
Pratense, du latin pratum, pour pré ou prairie, ce qui n’a pas vraiment de sens, car on ne trouverait pas les sujets matures loin de l’eau.
Si on côtoie des anglo-saxons, il est bon de savoir que pour eux c’est le Hairy hawker ; hawker est le nom de genre de tous les Aeshnidae, tandis que hairy insiste sur l’aspect velu de son thorax.
1- Kosterlin O., 2023 – Nomenclatural reconsideration of the genera Aeschnophlebia Selys, 1883 and Planaeschna McLachlan, 1896 (Odonata, Aeshnidae) – Zootaxa 5353 (5): 495–500