Libellula fulva (Müller, 1764)

Libellula fulva mâle mature, Beaupréau (France-49), 26/06/2016
Libellula fulva mâle mature, Beaupréau (France-49), 26/06/2016
Description – Identification

Libellula fulva, la Libellule fauve pour son nom français, mesure 42 à 45 mm.
Le mâle : le front est noir métallique, les yeux gris-bleus, le thorax marron sombre sans marque distincte, la base des ailes postérieures porte les taches basales sombres caractéristiques du genre Libellula (ces taches sont réduites à une ligne aux ailes antérieures), les ptérostigmas sont sombres, l’abdomen devient bleu se couvrant rapidement de pruine, les 3 derniers segments et les appendices anaux sont noirs.

On peut aisément le confondre avec Orthetrum cancellatum : ce dernier a cependant les yeux vert foncé, il n’a pas de tache basale alaire, et ses marques noires à l’extrémité de l’abdomen sont beaucoup plus étendues.


La femelle : comme les mâles immatures (♂ et ♀ sont quasi identiques), les femelles Libellula fulva sont de couleur ocre ou fauve, avec une ligne sombre sur l’abdomen, formant une cloche sur chaque segment, ce dessin s’élargissant progressivement vers l’extrémité. La marque noire basale de l’aile postérieure est entourée d’une zone ambrée qui se prolonge sur les veines transverses costales et sous-costales jusqu’au nodus. L’apex des ailes est souvent marqué d’une suffusion sombre (plus discrète pour les mâles).

Il n’est guère possible de confondre ces femelles qu’avec les mâles immatures de la même espèce ; elles s’en différencient bien sûr par l’absence de la saillie des organes sexuels secondaire sous le 2° segment et par les appendices anaux.
Avec de la mauvaise volonté :), on pourrait confondre les immatures des 2 sexes avec le très rare et très localisé Epitheca bimaculata (Corduliidae).

Libellula fulva mâle immature à gauche, femelle à droite.
Habitat – Distribution géographique

La libellule fauve accepte une large variété de biotopes, mares, marais, étangs, fossés… mais aussi les ruisseaux et rivières dont le courant est faible pour peu que la végétation rivulaire soit bien présente avec suffisamment d’hydrophytes.
C’est une espèce européenne qui ne s’aventure à l’est que dans le sud-est de la Russie et en Géorgie. Elle est quasi absente d’Espagne et du Portugal, mais on la rencontre dans le sud de l’Angleterre, de la Suède et de la Finlande.
En France, elle est présente à peu près partout avec de fortes disparités, des zones ou elle semble très rare comme dans le massif central alors que des données au-dessus de 2000 m ont été rapportées.
Atlas dynamique des odonates de France
IUCN Red List

Comportement – Biologie

Libellula fulva est en expansion depuis les années 70.
Les mâles sont agressifs et territoriaux, stationnant sur leur rameau ou leur herbe au centre de leur territoire, ils chassent tout intrus qui s’y aventure, et parcourent les rives à la recherche de femelles posées ou en ponte. L’accouplement se constitue en vol puis se pose dans la végétation pour durer parfois une demi-heure, ils sont alors assez peu craintifs. La pruinosité bleu des mâles est alors notablement marquée de façon très localisée sur le 5° segment par les pattes de la femelle (c’est presque un critère d’identification).
La femelle pond seule, en lançant ses œufs dans l’eau sans la toucher. La larve passera par 12 à 17 stades en 2 ans, rarement en une seule année.

Période de vol

Les émergences commencent début avril dans le sud de la France, il devient extrêmement rare à la fin du mois d’août, avec un pic d’activité tout au long du mois de juin.

Étymologie

Libellula nous ramène à l’étymologie même du mot « libellule ». Il faut revenir au XVI° siècle avec le moine zoologiste Guillaume Rondelet pour comprendre l’origine de ce terme. Il a remarqué que la forme des larves aquatiques de certaines libellules, en l’occurrence celles des zygoptères, ressemblait à celle du corps du requin marteau (Sphyrna zygaena).
Ce poisson avait reçu différents noms vernaculaires dont celui de Libella par analogie avec la forme d’un niveau de charpentier (appellé autrefois libella), mais il faut tout de même une bonne dose d’imagination pour y trouver une ressemblance…
Guillaume Rondelet a donc nommé ces larves Libella fluviatilis (1).
Ce n’est qu’en 1758 que le grand Linné fait franchir le pas et que Libella devient Libellula sans doute pour introduire une notion de petite taille par le suffixe diminutif –ule. Et le grand naturaliste utilise le terme Libellula pour nommer tous les odonates alors connus.
Fulva, du latin fulvus (fulvaster) signifie roussâtre ou ocre, pour la coloration des femelles et des mâles immatures. Le nom français Libellule fauve est ainsi la traduction littérale du nom scientifique, ce qui est une bien mauvaise idée et donne lieu à de nombreuses erreurs d’identification, tout comme pour notre Orthetrum brun, dont le mâle mature est bleu…

-1- The scientific names of the Odonata in Burmeister’s ‘Handbuch der Entomologie, Heinrich Fliedner

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