Lathrecista asiatica est une espèce à laquelle je n’ai pas assez prêté attention sur le terrain, car je l’avais déjà vue en Malaisie ; je n’avais pas le souvenir des mauvaises photos que j’avais faites !
D’autant plus que j’ai eu du mal, faute de prendre le temps sur place, à le différencier de Agrionoptera insignis, très proche. Ils ont été d’ailleurs classés tous les 2 dans le genre Agrionoptera quand Selys a décrit la sous-espèce Lathrecista asiatica festa qu’il avait appelée Agrionoptera festa.
Lathrecista asiatica mâle, Australie (FNQ), Cattana Wetlands, 02/12/2022
Bien installé devant son écran, il devient évident que les motifs sur la face latérale du thorax sont très différents, plus riches en lignes noires pour A. insignis qui n’a pas ces larges bandes brunes au sommet du thorax. Ce dernier montre également un front noir métallique alors que pour Lathrecista asiatica (Asiatic Blood tail ou Scarlet grenadier) il est plutôt brunâtre. Enfin, la coloration noire à la fin de l’abdomen est strictement limitée à S9 et S10 pour cette espèce, mordant largement sur le S8 pour A. insignis.
Je ne trouve malheureusement nulle part pas les différences entre l’espèce nominale et la sous-espèce L. asiatica festa qui est la seule présente en Australie et mentionnée dans The Complete Field Guide to Dragonflies of Australia ; cette dernière a même reçu un nom commun spécifique en Australie, Australasian slimwing. Il mesure 44 à 47 mm.
Il semble y avoir tout de même au moins une différence, le thorax des mâles ne devient pas bleu à maturité alors que les sujets asiatiques se couvrent d’une pruinosité bleuâtre.
Ci-dessus et ci-dessous 2 mâles immatures, la coloration rouge de l’abdomen n’est pas encore apparue, le bas des yeux n’est pas bleu. La photo ci-dessous souligne les difficultés à photographier certaines espèces qui ne dédaignent pas l’ombre ; le sujet est à l’ombre, le fond est au soleil, le flash devient indispensable. Il est du plus mauvais effet sur les rouges très vifs que mon Canon (défaut récurrent sur tous les modèles) à bien du mal à reproduire fidèlement et j’ai finalement peu de photos correctes de mâles matures.
Les mâles immatures permettent la transition vers les femelles puisque, presque toujours chez les Libellulidae, ils sont copies conformes ; comme ici, il n’y a souvent de différences que sur la structure des appendices anaux, l’abdomen plus large pour les femelles et la forme de la partie basale de l’aile postérieure.
On trouve l’espèce sur des milieux variés, rivières, ruisseaux, marais, mares… et il est distribué en Australie le long des côtes est et nord du Queensland et le nord du Territoire du Nord. Il serait présent, la sous-espèce festa, en Nouvelle-Guinée.
Car l’espèce Lathrecista asiatica est distribuée largement distribuée en Australasie, jusqu’en Inde. Il est donc possible que plusieurs espèces se cachent sous ces sous-espèces…
– IUCN Red List –
Lathrecista (1) vient de 2 mots grecs, lathraios signifiant caché, et cista pour panier, sans doute en référence aux organes génitaux secondaires du mâle, qui ne sont pas extériorisés comme habituellement pour les Libellulidae.
Asiatica vient du latin asiaticus, qui signifie … asiatique.
Si le nom anglais Asiatic Blood tail est assez évident c’est moins le cas du nom qu’on lui donne, en Asie, de Scarlet grenadier ; sa livrée rouge et bleue rappelle les couleurs de l’habit des soldats grenadiers.
-1- The Naming of Australia’s Dragonflies, Ian Endersby & Heinrich Fliedner, Busybird publishing.