Nannodiplax rubra, seul dans son genre, est un minuscule Libellulidae, et dans sa description originale, Brauer le mesure en effet à 23 mm. Pour mettre les choses en situation, la pièce européenne de 1 € mesure 23.25 mm. Ils ont d’ailleurs un aspect un peu curieux avec un petit corps qui porte des yeux énormes.
Je l’ai trouvé très difficile à approcher, et même s’il est commun, les photos correctes ne sont pas légion.
Il ressemble énormément à Diplacodes bipunctata, qui lui aussi montre des marques noires sur les côtés de l’abdomen ; cependant, ce dernier montre aussi des points sur la face dorsale de l’abdomen (points qui peuvent être discrets…) et ses ptérostigmas sont rouges, alors que ceux du Pygmy percher, comme l’appellent les Australiens, sont noirs.
Nous l’avons rencontré très fréquemment dans le Territoire du Nord, très rarement dans le Queensland où je n’ai qu’une photo de femelle.
Sa distribution le limite au nord, à tout l’est de l’Australie et à la Nouvelle-Guinée.
Nannodiplax rubra et IUCN.
Pigmy percher mâle, Australie (NT), Berry Springs, 14/04/2022
Les femelles Nannodiplax rubra, qui elles portent des dessins noirs sur la face dorsale de l’abdomen, sont encore plus proches des femelles Diplacodes bipunctata ; elles sont quelques millimètres plus courtes, mais sont plus trapues avec un abdomen plus large, et leurs marques latérales sur l’abdomen sont obliques et non parallèles au grand axe.
Nannodiplax rubra femelle, Australie (NT), Darwin, Marlow Lagoon, 13/04/2022
L’espèce accepte toute sorte d’environnement, même si j’ai le sentiment de l’avoir surtout rencontré sur des eaux dormantes ou dans les portions très calmes des eaux courantes, comme à Rum Jungle Lake. Curieux nom d’ailleurs pour un lac de baignade qui est une ancienne mine d’uranium…
Ci-dessus une très jeune femelle, sans doute du jour, vraiment courte et trapue avec de gros yeux. Noter comme son envergure, 40 mm, dépasse de beaucoup sa longueur totale, environ 25 mm. Remarquer également sa nervation extrêmement lâche.
Il est beaucoup plus facile d’approcher les Asiliidae… Ici, c’est un Bathypogon sp. qui déguste un mâle Pigmy percher. Sur la 2° photo, on voit très bien son proboscis blanc (un bec pointu), cet organe acéré qui lui permet de perforer la cuticule de la victime, pour injecter ses sucs digestifs et aspirer son repas.
Nannodiplax (1) vient de deux mots grecs, l’un signifiant nain, et de diplax ; diplax est lui-même formé à partir de dis, pour deux-fois, et plax, qualifiant quelque chose de large et plat, en référence au pronotum bilobé de cette espèce.
Rubra du latin ruber, pour rouge.
-1- The Naming of Australia’s Dragonflies, Ian Endersby & Heinrich Fliedner, Busybird publishing.