On peut considérer Brachydiplax denticauda comme commun dans le Territoire du Nord Australien, nous l’avons rencontré 12 jours sur les 24 de notre prospection, mais il peut passer inaperçu en raison de sa petite taille, 29 mm. Les mâles sont parfois en plein soleil, mais les femelles sont, comme toujours, plus discrètes, et il faut les chercher en sous-bois.
Il fréquente les eaux calmes, qu’elles soient stagnantes ou à faible courant.
Il est présent en Australie, en Indonésie, Papouasie-Nouvelle-Guinée et dans les iles Salomon.
En Australie, il est essentiellement costal, depuis le Sud du Queensland à l’extrême Est de l’Australie-Occidentale.
Les mâles matures sont faciles à identifier, typiques du genre, couverts d’une pruinescence d’un bleu lumineux, le front noir métallique et les 3 derniers segments noirs. Un peu plus jeune comme ci-dessous, ils conservent des traces orangées sur l’abdomen et jaunes sur le thorax.
Ils peuvent se parer de petites boules rouges, mais ce sont des hydracariens parasites. Cette infestation limitée ne devrait pas mettre en danger la vie du sujet ci-dessous.
Les immatures, mâles, mais surtout femelles, sont, à mon sens, les plus beaux. Les anneaux orangés qui restent présents à la base de l’abdomen semblent éclairés de l’intérieur tant ils sont lumineux !
Sur la photo ci-dessous, on comprend l’origine de son nom vernaculaire Palemouth ; hormis son front noir métallique, toute la face est jaune clair.
Jeunes, les mâles et les femelles sont essentiellement jaunes/orangés, puis le thorax se couvre progressivement d’une pulvérulence cireuse (pruinosité ou pruinescence) bleutée.
Brachydiplax denticauda femelle, Australie (NT), Jabiru Lake, 28/04/2022
Mais les femelles paraissent ne jamais devenir complètement bleues et présentent un abdomen magnifique, noir et jaune à l’extrémité de l’abdomen, auxquels s’associent graduellement du bleu, puis de l’orange lumineux vers la base.
Brachydiplax : brachy est un terme Grec signifiant court et effectivement les odonates de ce genre sont petits comme je l’ai mentionné plus haut. Diplax est une construction des 2 mots Grecs ; dis signifiant double et plax se rapportant à toute chose plate et large, car la partie postérieure du prothorax des odonates de ce genre montre 2 lobes semi-circulaires.
Denticauda : du latin dens qui signifie dent et cauda pour queue d’un animal ; en effet, les appendices anaux supérieurs du mâle portent en leur point le plus large un appendice qui montrent 4 dents, ce que je n’ai pas pensé à photographier de près… (1).
Palemouth femelle, Australie (NT), Lietchfield, 14/04/2022
Enfin une dernière femelle, cette fois-ci dans le Queensland, où nous avons rencontré également B. duivenbodei. Elles sont très semblables et pour les différencier, il faut compter les nervures anténodales aux ailes antérieures et postérieures ; respectivement 7 et 6 pour B. duivenbodei, 6 et 5 pour B. denticauda. Heureusement que l’aile postérieure droite est nette, l’antérieure est absente, sans doute victime d’un prédateur…
Encore une autre, encore au Queensland, que j’avais identifié à tort en B. duivenbodei, ayant d’ailleurs eu du mal à compter ses anténodales… A cette occasion, j’ai d’ailleurs appris un critère d’identification non publié, de Graham Winterflood, odonatologue local. Si le front de B. duivenbodei est entièrement noir, celui de B. denticauda montre 2 triangles jaunes de chaque côté, ce qu’on voit très bien ci-dessous…
-1- The Naming of Australia’s Dragonflies, Ian Endersby & Heinrich Fliedner, Busybird publishing.