J’avais très brièvement rencontré Agrionoptera insignis en Malaisie, mais ici, c’est une autre sous-espèce ; il y a beaucoup de sous-espèces d’Agrionoptera, mais je n’ai pas réussi à savoir ce qui distingue celle-ci de l’espèce nominale.
D’une façon générale, je ne prête pas attention aux sous-espèces (le terme me semble d’ailleurs tout à fait inadapté) celles-ci sont toutes définies géographiquement, et il s’agit pour moi de variations géographiques, comme on en trouve en Europe au sein d’une même espèce. Bref, celle-ci est dite allogenes.
Son abdomen est rouge vif avec les derniers segments noirs, son front est marqué d’une large tache métallisée noire. Le thorax est jaune marqué de lignes noires.
Une de ces lignes, une tache allongée plutôt, juste en dessous de la bande antéhumérale noire, est intéressante, car sa présence permet de le séparer de façon certaine de Lathrecista asiatica. Cette ressemblance m’a posé des problèmes sur le terrain. Outre cette tache noire, la partie supérieure du thorax de Lathrecista asiatica est marron, celle de Agrionopteris insignis porte des dessins noirs sur fond jaune.
Il mesure 37 à 41 mm et on le rencontre dans des aires marécageuses variées, bord de rivières, de mares ou marais.
Si toutes les sous-espèces décrites composent bien la même espèce, son aire de distribution est très importante, depuis le Myanmar jusqu’aux Philippines s’étendant vers le Sud à travers l’Indonésie, les iles Salomon, jusqu’à l’Australie ou il est confiné aux régions costales (au sens large) depuis le Territoire du Nord jusqu’à Sydney au Sud-Est.
Les femelles sont proches des mâles, avec des couleurs moins vives comme bien souvent.
L’étymologie de Agrionoptera présentée par Enderby & Fliedner (1) est un peu complexe ; Agrion est le nom utilisé par Fabricius pour désigner tous les zygoptères, tandis que dans la 2° partie du nom de genre, on reconnaît le mot grec ptera signifiant aile ou ailé (composant de nombreux mots de notre vocabulaire entomologique, comme aptère ou diptère). Lorsque Brauer a créé ce nom de genre en 1863 il a voulu insister sur la similarité des ailes avec celles… des zygoptères (ou Agrion pour Fabricius), citant le genre Euphaea ou les Calopterygidae.
D’ailleurs Rambur (qui l’avait appelé Libellula insignis) lui avait donné le nom d’espèce insiginis (du latin insignis – remarquable) pour insister sur le fait que la base des ailes postérieures est remarquable en ce sens qu’elles sont très étroites à leur base.
Le nom de genre et d’espèce semble donc s’attacher à la même particularité morphologique.
-1- The Naming of Australia’s Dragonflies, Ian Endersby & Heinrich Fliedner, Busybird Publishing 2015