Aethriamanta circumsignata, le square-spot basker, est endémique d’Australie ou sa distribution le confine au nord de l’Australie occidentale, du Territoire du Nord, du Queensland et l’extrême nord de la Nouvelle-Galles du Sud. Il est difficile de savoir s’il est rare ou commun ; c’est un problème général en Australie, où il semble y avoir assez peu de naturalistes, particulièrement dans le Territoire du Nord, en tout cas peu d’odonatologues, et il s’ensuit que le nombre de données est faible sur ce territoire immense. Nous ne l’avons rencontré que deux fois, une fois brièvement pour le mâle, une autre pour la femelle, dans 2 sites différents.
C’est une petite libellule, avec un abdomen 19 mm et une longueur totale de 30 mm, à la nervation lâche avec peu d’anténodales (5). Elle se distingue de l’autre espèce du genre en Australie, Aethriamanta nymphaeae, par l’aspect et l’étendue de la sombre marque alaire basale. Encore faut-il que les photos permettent d’observer cette tâche ; on peut sans doute également les différencier par la coloration de la face des mâles, rouge pour A. circumsignata, pâle pour A. nymphaea.
Il est curieux de constater que dans sa description originale, Selys le trouve difficile à différencier de Aethriamanta brevipennis ; cette description s’est certainement faite sur un sujet mal conservé, car les photos montrent que sa cousine asiatique (ici au Vietnam) présente un thorax très sombre, presque noir, qui tranche sur l’abdomen rouge qu’elles ont en commun.
Il fait partie des petits odonates rouges et il peut être confondu avec Nanodiplax rubra, très petit ou Diplacode bipunctata ; mais ces derniers n’ont pas de tache basale alaire. Diplacodes haematodes présente une tache basale plus claire et n’a pas les pattes noires.
Il se plait sur les mares, marais, mais aussi sur les eaux faiblement courantes, telles que celles d’Edith Falls, des eaux cristallines aux abords très faiblement végétalisés où les touristes se baignent.
Dans The Naming of Australia’s Dragonflies (1), l’origine du nom de genre Aethriamanta fait l’objet de supposition ; Kirby l’aurait créé à partir d’un mot grec signifiant ciel lumineux auquel il aurait rajouté le mot latin amans pour aimant, le nom de genre signifiant alors « qui aime le ciel lumineux ».
Circumsignata du latin circum pour tout autour et signatus qui signifie marqué ; le nom d’espèce souligne le fait que la tache sombre de l’aile postérieure est entourée de jaune.
J’ai eu la chance de photographier cette femelle, que je n’ai pas identifiée sur le terrain ; parmi tous ces odonates rouges, elle m’a semblé curieuse, coup de chance ! Malheureusement, on ne peut totalement exclure qu’il s’agisse d’une femelle A. nymphaeae plutôt que circumsignata ; en regardant minutieusement d’autres photos nettement moins bonnes, la zone sombre de la tache alaire basale me parait finalement trop étendue pour A. nymphaeae, trop large pour correspondre à la forme en « L » attendue.
-1- The Naming of Australia’s Dragonflies, Ian Endersby & Heinrich Fliedner, Busybird Publishing 2015