J’avais déjà eu la chance de rencontrer Calicnemia miles mâle (Platycnemididae) au Vietnam, des sujets un peu plus âgés qui avaient perdu la vivacité de leur coloration rouge et aucun ne montrait de tels yeux ! Il est très proche de C. chaseni qui est également présent en Thaïlande, mais beaucoup plus au sud, à la limite de la Malaisie ou je l’avais rencontré.
En Thaïlande, on les sépare par la géographie et le fait que ce dernier ne montre pas de noir sur le S9 (le sujet ci-dessus est jeune et la coloration noire deviendra plus importante) ; ce genre d’identification sur un détail de coloration, variable, est toujours un peu gênant, car les C. miles que je montre au Vietnam ne portent pas de marques noires évidentes sur cet avant-dernier segment abdominal… (mais C. chaseni est absent du Vietnam et l’identification avait été faite par Tom Kompier sur les appendices anaux noirs).
On voit beaucoup mieux, ci-dessus, les deniers segments noirs.
Noter la forme presque rectangulaire des taches postoculaires.
Deux autres Calicnemia sont présents en Thaïlande ; l’un C. miles est plutôt bleu-gris, couvert de pruine, l’autre, C. erythromelas montre un abdomen largement noir.
Nous ne l’avons rencontré que sur un seul site, en forêt, à 1180 mètres d’altitude où il errait sur la partie haute, plate et rocheuse d’une petite cascade alimentée par un ruisseau.
Le site Odonata of China, basé sur l’excellent (et trop couteux) Dragonflies and Damselflies of China, lui donne une taille de 37 à 39 mm.
Nous n’avons rencontré qu’une seule femelle isolée, certainement émergée le jour même. Noter cependant la coloration noire des derniers segments, même si on la voit mieux sur la photo du tandem en ponte plus bas.
Sa distribution s’étend du nord-est de l’Inde au sud de la Chine (au moins le Guanxi) avec des lacunes, mais on le rencontre au Myanmar, dans le nord de la Thaïlande, du Laos et du Vietnam.
IUCN Red List.
Étymologie
Calicnemia (Sand, 1928) vient sans doute de la racine grec cal, qui signifie beau et du grec ancien « knēmē » pour jambe. Selys avait créé le genre Calicnemis (1) en 1863, mais il ignorait que le nom est déjà « préoccupé » par un coléoptère depuis 1832. Sand, en 1928, a transformé Calicnemis en Calicnemia. Il faut rappeler que cette espèce appartient à la famille des Platycnemididae (Platy, qui signifie large en grec et le même « knēmē » pour jambe qui s’illustre en Europe pour la largeur des tibias des mâles de nos Platycnemis latipes).
Mais en fait, cnemis ou cnemia ne doivent être vus que comme un signe d’appartenance au Platycnemididae car Selys précisait pour les Calicnemis : « Tibias non dilatés (comme tous les autres genres [de Platycnemididae], excepté Platycnemis).
Miles signifie soldat en latin, mais en lisant le texte de Laidlaw (2), il n’est fait aucune référence ou allusion qui pourrait expliquer ce choix.
1- Selys, 1863 – Synopsis des Agrionines, 4° Légion Platycnemis, p 159.
2- Laidlaw, 1917 – A list of the dragonflies recorded from the Indian Empire, with special reference to the collection of the Indian Museum – Records of the Indian Museum, vol. 13, p. 330.