
Calicnemia erythromelas mâle est un spectaculaire Platycnemididae que j’avais rencontré au Vietnam ; ceux que j’avais alors observés ne se contentaient pas du rouge vif de leur abdomen, mais les parties jaunes du thorax étaient également presque aussi rouges. Les sujets vus en Thaïlande ne semblent pourtant pas si jeunes puisqu’ils formaient des tandems. Mais ce rougissement est certainement dû au vieillissement ; il suffit de constater la différence de teinte des bandes antéhumérales entre les sujets qui encadrent ce paragraphe ; le sujet ci-dessous est manifestement jeune, avec la partie supérieure des yeux encore marron, tandis que chez le sujet ci-dessus cette partie est noire et la bande antéhumérale orangée.

Il est difficile de le confondre avec un autre odonate en Thaïlande, il y a que trois autres Calicnemia : C. chaseni (ici en Malaisie), C. imitans et C. miles (au Vietnam) mais Calicnemia erythromelas est le seul à montrer un abdomen rouge et noir.
Selys nous dit que l’abdomen du mâle mesure 30 mm ce qui lui donne une longueur totale de 36 mm.

On le rencontre en principe en altitude, sur les suintements (rocheux), les petits ruisseaux et les mares en forêt.
Son aire de distribution le localise au Myanmar, en Thaïlande, au Laos, au Vietnam et au Yunnan.
IUCN Red List.
C’était la première fois que je rencontrais une femelle isolée et il faut remarquer l’extrémité de l’abdomen plus massive pour la séparer des mâles, car leur habitus est très ressemblant. Mais comme on le constate sur les photos de tandem plus bas, le rouge de l’abdomen est moins vif.


Calicnemnis erythromelas dans la collection Selys détenue par l’Institut Royal des Sciences Naturelles de Belgique, photo publiée par Karin Verspui (3).
Étymologie
Calicnemia (Sand, 1928) vient sans doute de la racine grec cal, qui signifie beau et du grec ancien « knēmē » pour jambe. Selys avait créé le genre Calicnemis (1) en 1863, mais il ignorait que le nom est déjà « préoccupé » par un coléoptère depuis 1832. Sand, en 1928, a transformé Calicnemis en Calicnemia. Il faut rappeler que cette espèce appartient à la famille des Platycnemididae (Platy, qui signifie large en grec et le même « knēmē » pour jambe qui s’illustre en Europe pour la largeur des tibias des mâles de nos Platycnemis latipes).
Mais en fait, cnemis ou cnemia ne doivent être vus que comme un signe d’appartenance au Platycnemididae car Selys précisait pour les Calicnemis : « Tibias non dilatés (comme tous les autres genres [de Platycnemididae], excepté Platycnemis).
Erythromelas (2), du grec érythrós pour rouge et mélas, pour noir. Et il est vrai que cette espèce est absolument rouge et noire.


-1- Selys, 1863 – Révision du Synopsis des Agrionines. Première partie comprenant les légions Pseudostigma – Podagrion – Platycemis et Protonevra. Mémoires couronnés et autres mémoires publiés par l’Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts. p 130.
-2- Selys, 1891 – Odonates de Birmanie, Viaggio di Leonardo Fea in Birmania e regioni vicine, p 505.
-3- Karin Verspui, 2017 – Negentiende-eeuwse libellenaquarellen met een Nederlands tintje (Nineteenth century watercolours of dragonflies and damselflies with a connection to the Netherlands. With summary and captions in English) – Brachytron 19-1