Le nom vernaculaire anglais de Pseudagrion australasiae pose tout de suite le tableau puisqu’il se nomme Look-alike Sprite, « le Lutin sosie » à rapprocher bien sûr de P. microcephalum appelé familièrement Blue Sprite ou Small-headed Sprite.
Il faut en effet s’approcher assez près pour constater les différences ; la plus difficile à apprécier quand on ne les voit pas l’un à côté de l’autre est la plus grande taille de Pseudagrion australasiae qui atteint 36 à 40 mm contre seulement 30 à 34 mm pour P. microcephalum (1).
La différence la plus évidente se situe entre les segments 7 et 8, et 8 et 9 (le sujet ci-dessus est un mauvais exemple…) ; pour notre sujet, les limites entre ces segments ne sont soulignées que par un faible anneau noir, alors que ceux de son cousin P. microcephalum sont plus gras, déformé en triangle, pointe en avant. C’est un détail qu’a très bien remarqué Selys dans son Synopsis (2) où il décrit successivement les 2 espèces.
Et on le remarque aussi quand on est tout près et qu’on a les deux sujets sous les yeux, les appendices anaux supérieurs, les cerques, de Pseudagrion australasiae sont plus courts (plus courts que le S10 alors qu’ils ont la même longueur que le S10 pour son cousin).
Sur la première photo, on remarque un motif qui semble complexe sur le 2° segment ; il semble qu’il soit très variable et ne puisse être retenu comme un élément d’identification.
Il habite les lacs, les étangs et les mares aux rives bien végétalisées où il est bien moins abondant que sous cousin microcephalum. Nous ne l’avons rencontré qu’une seule fois, sur un réservoir (ci-dessus), où il se tenait sur la végétation émergente à plusieurs mètres du bord, très mobile et inapprochable, d’où des photos de qualité bien moyenne.
Sa distribution sur le site de l’IUCN le localise en Inde, au Népal, Myanmar, Cambodge, en Thaïlande, dans la péninsule malaisienne, sur l’ile d’Hainan, en Chine, à Java et Sumatra. Depuis, il a été signalé au Vietnam et au Laos où je l’ai rencontré en 2010.
Étymologie
Pseudagrion (2) du grec ancien, pseudo –faux, erroné, et d’agrion, ceci, comme l’écrit Sélys (1876), pour témoigner de la difficulté à séparer ce genre des Agrion ; « les Pseudagrions semblent très voisins des vrais Agrions ». Agrion, du grec Agrios– sauvage, vivant dans les champs.
Australasiae vient du terme Australasie, inventé par le Français Charles de Brosse, à partir de austral, signifiant sud et de Asie, pour définir la région sud de l’Asie. Et non pas l’Australie, ce qui est amusant, car Selys pensait que Pseudagrion australasiae se rencontrait également en Australie puisqu’il décrit, avec un certain doute, une femelle du Queensland. Il est difficile de savoir avec quelle espèce il a pu la confondre, soit simplement un autre Pseudagrion (microcephalum ou autre) soit avec Archibasis mimetes que Tillyard trouvait très proche aussi (2). Les femelles Pseudagrion sont bien difficiles à identifier, comme de très nombreuses femelles de zygoptères.
-1 Robin Ngiam & Marcus Ng – A photographic guide to the Dragonflies and Damselflies of Singapore – John Beaufoy Publishing – 2022
-2 The Naming of Australia’s Dragonflies, Ian Endersby & Heinrich Fliedner, Busybird publishing.