Cette unique photo, la seule que j’ose montrer, est notre unique rencontre avec Periaeschna nocturnalis. Cette femelle en ponte s’est posée et a rapidement décollé à plusieurs reprises alors que nous remontions une rivière, dans un tunnel de végétation.
Nous avons longtemps attendu qu’elle revienne, pour moi, en photographiant de très près un Aristocypha fenestrella, en vain…
L’espèce a été décrite par Fraser (1) qui précise que l’abdomen de son sujet mesurait 48 mm. On trouve des valeurs très voisines dans Asahina (2) avec 50 mm. Mes photos ne permettent pas de déduire précisément la longueur totale de cet Aeshnidae, mais sur le site Odonates of China, basée sur les 2 volumes de Dragonflies and Damselflies of China (3) on lit qu’il mesure entre 63 et 68 mm.
L’espèce est rare, rarement photographiée en tout cas, moins de 20 observations sur iNaturalist à ce jour.
Son identification repose sur ses motifs thoraciques et abdominaux, notamment la ligne jaune sur la face dorsale de l’abdomen (peu visible sur cette photo…).
Cette femelle pondait sur un tronc en décomposition (entre les 2 têtes ci-dessous !), au-dessus de la Mae Klang Rive, à environ 1300 mètres d’altitude. Il semble qu’elle ponde également dans la terre des rives. Pour Fraser, c’est une espèce crépusculaire et comme pour de nombreux Aeshnidae, ils sont surtout actifs l’après-midi ; nous l’avons rencontré à 15 heures.
L’espèce est certainement présente au nord-est de l’Inde, au Myanmar (sans doute au Bhoutan et au Népal), en Thaïlande, au Laos, au Vietnam et dans le sud de la Chine.
IUCN Red List (pas très à jour, 2010).
Étymologie
Periaeschna (Martin, 1909), du grec peri, pour autour, qui induit, en préfixe, une notion de proximité avec ce qui suit, dans notre cas une parenté avec les autres Aeshnidae. Aeschna est un cas particulier dans l’étymologie des noms d’odonates. Il est ici écrit dans sa version corrigée, et on a en Europe, l’habitude de l’écrire sans « c », la version de Fabricius (1775) qui a créé le nom de genre Aeshna.
On suppose, car il ne l’a pas précisé, que Fabricius a formé ce nom depuis un mot grec signifiant défigurer ou ternir (pourquoi, c’est une autre énigme ?) ; mais Fabricius est un puriste et on ne peut expliquer cette absence de « c » que par une erreur de transcription ou une erreur typographique.
L’absence de ce « c » n’est restée la norme que pour le genre Aeshna et tous les « composés » l’ont intégré.
Nocturnalis, du latin nocturnalis dérivé de nocturnus qui signifie nocturne souligne son caractère crépusculaire et Fraser (1) écrit : « Beaten up from jungle during the day and evidently a crepuscular insect« .
1- Fraser, 1927 – Descriptions of twenty new Indian dragonflies – Rec. Ind. Mus, 29 : 63-90. P. 71.
2- Dr Syoziro Asahina, 1993 – A List of the Odonata from Thailand (Parts I – XXI), Bro. Amnuay Pinratana, 1993.
3- Zhang, H-M. 2361. Dragonflies and Damselflies of China. Chongqing : Chongqing University Press, China.