Thaïlande – Indaeschna erythromelas (MacLachlan, 1896)

Indaeschna erythromelas mâle, Thaïlande, Pha Lad temple, Doi Suthep NP, 31/05/2024
Indaeschna erythromelas mâle, Thaïlande, Pha Lad temple, Doi Suthep NP, 31/05/2024

Peu après l’entrée dans l’enceinte du temple Pha Lad, Chris, passant le long d’un bâtiment, a déniché ce superbe mâle Indaeschna erythromelas, Aeshnidae, perché assez bas, dans un arbre de la forêt qui entoure le lieu. S’il a décollé une fois, il s’est reposé exactement de la même façon et la configuration des lieux nous interdisait d’autres angles. Ce sera notre seule rencontre.
C’est un odonate massif avec un abdomen lourd, d’environ 90 mm de longueur totale, pour un abdomen de 67 mm.

Jusqu’à l’article de Schneider et al. (1) en 2023 cette magnifique libellule appartenait aux Polycanthagyna (même s’il avait été à l’origine décrit dans le « grand genre » Aeschna) ; cette analyse génétique a synonymisé ce genre avec les Indaeschna, ce changement a été validé par la World Odonata List.

Indaeschna erythromelas mâle, Thaïlande, Pha Lad temple, Doi Suthep NP, 31/05/2024
Indaeschna erythromelas mâle, Thaïlande, Pha Lad temple, Doi Suthep NP, 31/05/2024

Son identification ne pose pas de problème tant les motifs thoraciques et surtout abdominaux sont particuliers.
Dans Field « Guide to the Dragonflies & Damselflies of Northwest india  » (1), on lit que le Common Tigerhawker centrerait son habitat autour des « petites mares forestières et des ruisseaux de montagne (forest pools and forest streams in montainous area) », en dessous de 1000 mètres. Deux habitats très différents, et étonnants, pour moi qui ne connais pas cette espèce, et contradictoires quand on imagine les spécificités de la ponte dans l’un ou l’autre de ces biotopes. Cependant, de façon étonnante, on retrouve exactement la même description d’habitat dans « A field guide to Common Dragonflies and Damselflies of Buthan » (2), qui cependant le dégrade en Tiger hawker ce qui confirme, si on pouvait en douter, de l’intérêt relatif des noms « vernaculaires ».
Il y avait bien une triste mare artificielle à proximité et nous étions à environ 675 m d’altitude. Un vrai torrent, que nous avons prospecté à une centaine de mètres, avec cinq paires d’yeux, n’a révélé que peu d’espèces communes.

Indaeschna erythromelas mâle, Thaïlande, Pha Lad temple, Doi Suthep NP, 31/05/2024

La nervation est très intéressante, en particulier la base de l’aile postérieure et son angle anal, dont la partie inférieure est très détachée du reste de l’aile.

J’avais déjà remarqué cette étonnante caractéristique sur un autre individu de ce genre, Indaeschna grubaueri , en Malaisie.

Sa distribution est très étendue puisqu’on le rencontre de l’est de l’Inde jusqu’au sud de la Chine et à Hong Kong et Taïwan, à travers le Népal et le Buthan, le Mynamar et la Thaïlande, le Laos, le Cambodge, le Vietnam…

Indaeschna erythromelas mâle, Thaïlande, Pha Lad temple, Doi Suthep NP, 31/05/2024

Étymologie
Indaeschna (Fraser, 1926) (3) suggérerait que le premier membre de ce genre aurait été décrit d’après un sujet d’inde (Indus, pour fleuve de l’Inde, Inde ou indien). Fraser aurait sans doute écrit Indoaeschna, et il a vu plus à l’Est en créant ce genre, et ne se réfère pas à l’Inde, mais aux Indes Orientales Néerlandaises.

Aeschna est un cas particulier dans l’étymologie des noms d’odonates. Il est ici écrit dans sa version corrigée, et on a, en Europe, l’habitude de l’écrire sans « c », la version de Fabricius (1775) qui a créé le nom de genre Aeshna.



On suppose, car il ne l’a pas précisé, que Fabricius a formé ce nom depuis un mot grec signifiant défigurer ou ternir (pourquoi, c’est une autre énigme ?) ; mais Fabricius est un puriste et on ne peut expliquer cette absence de « c  » que par une erreur de transcription ou une erreur typographique.
L’absence de ce « c » n’est restée la norme que pour le genre Aeshna et tous les « composés » l’ont intégré.

Comparaison des appendices anaux avec le dessin de Fraser (4).

Erythromelas, du grec erythros pour rouge et melas pour noir, se réfère sans doute à la coloration des femelles dont l’abdomen est rouge sombre ou brun-rouge avec les derniers segments noirs.

1- Field Guide to the Dragonflies & Damselflies of Northwest india, Dheerendra Singh – Bishen Singh Mahendra Pal Singh – 2022
2- A field guide to Common Dragonflies and Damselflies of Buthan – 2017 – Thinley Gyeltshen, Vincent Kalkman & Albert Orr – National Biodiversity Center, Thimphu.
3- Fraser, 1926 – Notes on a Collection of Dragonflies (Order : Odonata) from the Dutch East Indies and Description of Four New Species from the Neighbouring Continent.
4- Fraser, 1923 – Indian Dragonflies – Journal Bombay Natural History Society – Aeschna erythromelas.

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