Erythemis simplicicollis est un des odonates les plus communs d’Amérique du Nord ; c’est le 2° le plus photographié sur iNaturalist avec plus de 100.000 observations au 21/11/2024 (derrière Pachydiplax longipennis).
Mais c’est la première fois que je le rencontre et je n’ai pas eu vraiment de chance, car je n’ai vu que cet individu pour trois photos sous le même angle. Les deux photos que je présente, sont en fait la même…
C’est un individu en cours de maturation ; jeunes, ils sont verts, très ressemblant à Erythemis vesiculosa, d’ailleurs présent sur le site lors de ces photos. Mais E. vesiculosa est beaucoup plus grand, appelé le Great pondhawk, il mesure en effet 56 à 59 mm tandis que E. simplicicollis, l’Eastern pondhawk n’atteint que 38 à 44 mm.
De plus, E. vesiculosa est très dilaté à la base de l’abdomen, ce qui n’est pas le cas de son cousin.
Adulte, il se couvre d’une pruine bleutée, et perd presque toute trace de vert, qui persiste parfois sur la face et les yeux. Je me console de n’en avoir vu qu’un en me disant qu’il est très beau ainsi, bleuissant avec des traces de vert, en route vers ses couleurs de sujet mature.
On trouve des détails de biologie et de comportements très intéressants dans Morphological variability and evaluation of taxonomic characters in the genus Erythemis (1), en particulier son efficacité à capturer des proies en vol, où il montre un taux de succès de 97% et on trouve d’innombrables photos sur le Web où il est impliqué mangeant toute sorte de proie, dont de nombreuses espèces de libellules, zygoptères comme anisoptères. Ce chiffre montre que c’est un prédateur exceptionnel, ce que je peux confirmer puisque dans mon étude sur le Cannibalisme des Anisoptères, il arrive en tête des observations pour le monde entier.
Erythemis simplicicollis accepte à peu près n’importe quelle pièce d’eau, lacs, étangs, mares, fossés, rivières lentes, pourvu que la végétation soit suffisante.
Il occupe tout l’est des États-Unis jusqu’aux Rocheuses, depuis l’extrême sud du Canada, jusqu’au Costa Rica, les Bahamas et les Grandes Antilles. IUCN Red List.
Étymologie (2)
Erythemis (Hagen, 1861) (1) du grec e̍rythrós, rouge et de Themis. Il faut supposer que si Hagen a choisi Themis, – déesse grecque de l’ordre et de la justice, c’est à la fois pour respecter la « mode » qui consistait à donner un nom en rapport avec la mythologie, très en vogue à cette époque, et parce qu’elle est particulièrement bien adaptée à la taxonomie, science qui vise à décrire et ordonner et classer les familles, genres et espèces. Quant au qualificatif « rouge », il s’explique par le fait que Hagen a inclus dans ce nouveau genre trois espèces dont l’abdomen des mâles est rouge ou ferrugineux.
Simplicicollis, du latin simplex qui signifie simple, plan et de collis qui signifie à cou, (doté d’un cou présentant telle ou telle caractéristique). Cette désignation orienterait vers un cou simple (pronotum), non tourmenté, non bi ou trilobé, sans caractéristique remarquable. Je n’ai que cette photo et mon avis ne vaut pas cher ; pourtant je suis frappé par son bord postérieur droit et l’absence de relief.
Ce n’est pas l’avis de Hagen (cité par Heinrich Fliedner & Ian Endersby (2)) qui écrit à propos du genre Mesothemis dans lequel il avait intégré cette espèce : »posterior lobe of the prothorax large, broad, bilobed – le lobe postérieur du prothorax est grand, large, bilobé ». Ce que je ne comprends pas et ne me semble pas s’appliquer à cette espèce.
1- Rodríguez, Fredy Palacino, Sarmiento, Carlos E. & González-Soriano, Enrique, 2015, Morphological variability and evaluation of taxonomic characters in the genus Erythemis Hagen, 1861 (Odonata: Libellulidae: Sympetrinae), Insecta Mundi 2015 (428), pp. 1-68 : 25-28
2- The Scientific Names of North American Dragonflies, Heinrich Fliedner & Ian Endersby, Busybird Publishing, 2019.