Ce jeune mâle dythemis sterilis, Brown setwing pour les américains, se tenait sur les berges impraticables d’une petite rivière,en limite de forêt. Un coin bien sympathique pour les libellules : de l’eau claire qui court sur les cailloux entre des rochers, des rives bien végétalisées, mais il était sans doute trop tôt, le soleil ne paraissait que par flaques à travers les arbres et outre cette espèce, je n’ai contacté que Enallagma cardenium, tout de même une nouvelle espèce pour moi.
Son identification ne pose pas de problème avec son thorax qui montre un motif complexe de bandes jaunes sur fond noir, l’abdomen très fin, ponctué de taches jaunes allongées ; il n’y a qu’un seul autre Dythemis à Cuba, Dythemis rufinervis, très différent.
La posture adoptée ci-dessous, avec les ailes plus basses que le thorax, est habituelle à ce genre et leur vaut ce brownsetwing.
C’est certainement un sujet jeune, ce qui explique en partie ses yeux très rouges ; mais même chez les sujets matures, les yeux sont d’une couleur étonnante et peu d’odonates affichent de telles teintes, comme on pourra le constater sur des photos prises, au Panama, au Costa Rica, ou au Mexique.
Il mesure 40 mm et son aire de répartition s’étend à travers l’Amérique Centrale, du Mexique au Venezuela et à la Colombie et aux Antilles. Le biotope sur lequel je l’ai rencontré est son milieu de vie typique.
IUCN Red List.
Étymologie
Dythemis (1), du mot grec dy qui signifie deux et de Themis. Il faut supposer que si Hagen a choisi Themis, – déesse grecque de l’ordre et de la justice, c’est à la fois pour respecter la « mode » qui consistait à donner un nom en rapport avec la mythologie, très en vogue à cette époque, et parce qu’elle est particulièrement bien adaptée à la taxonomie, science qui vise à décrire et ordonner et classer les familles, genres et espèces. « Deux » pourrait faire référence au 10° segment de la femelle qui présente deux tubercules.
Sterilis, du latin sterilis, pour stérile, infécond. Je ne suis pas parvenu à retrouver la description de Hagen concernant cette libellule déjà décrite par Rambur sous le nom de Libellula tessellata. Je suppose qu’elle a fait l’objet d’une publication antérieure à 1861 et je ne peux donc expliquer le choix de cet étonnant épithète spécifique.
1 – The Scientific Names of North American Dragonflies, Heinrich Fliedner & Ian Endersby, Busybird Publishing, 2019.