Erythrodiplax justiniana est un des 5 Erythrodiplax de Cuba, assez peu fréquent sans doute, mais tout de même plus commun que le très rare et très étrange E. bromeliicola dont les larves se développent dans l’eau stockée à la base des feuilles des bromeliacées.
Il est facile à identifier et il est difficile de le confondre avec un autre Erythrodiplax à Cuba ; le seul autre à arborer une large tache alaire basale est E. fervida, et son abdomen est rouge. Il est bien plus proche de E. unimaculata mais celui-ci n’est pas présent sur l’île.
Selys (1) nous dit que Libellula justiniana qu’il appelle aussi la Libellule justinienne mesure 24.5 à 28 mm.
Toutes ces photos sont faites au même endroit et au même moment, sur une zone de parking non goudronnée, presque un terrain vague au bord d’une route passante, à environ 150 m de la mer. Ce biotope surprenant auprès duquel, malgré mes recherches, je n’ai pas trouvé de pièce d’eau, s’est avéré le plus riche de mon voyage !
J’ai cependant découvert à mon retour que cette zone fait partie du Marais de Zapata, la plus grande zone humide des Caraïbes : l’endroit précis où je me trouvais était complètement desséché et toute une zone d’herbes hautes et d’arbustes malingres avaient brulé.
Dans Trapero et Naranjo (2) on lit : » Généralement, on le trouve sur les lacs et les mares, mais aussi sur les eaux calmes et ombragées des ruisseaux et rivières ».
Si les mêmes auteurs nous disent qu’il est largement distribué à Cuba (on le trouve dans différentes zones), le nombre de données sur iNaturalist est très faible.
On le trouve des Bahamas à Cuba, à la Jamaïque, en Haïti, en République dominicaine et à Porto Rico.
IUCN Red List.
Les femelles sont très différentes et si je ne les avais pas trouvées avec les mâles, j’aurais certainement eu plus de difficulté à les identifier. On ne retrouve du mâle que la tâche alaire.
Étymologie
Erythrodiplax (3) (Brauer, 1868) du grec erythro, signifiant rouge et de diplax. Diplax (1840) est un nom de genre donné par Charpentier, formé par un préfixe signifiant deux ou double – et plax qualifiant quelque chose de plat, en accord avec la forme de la partie postérieure du pronotum présentant deux structures semi-circulaires.
Charpentier ignorait que Newman avait déjà décrit ce genre sous le nom de Sympetrum (1833), et longtemps le genre Diplax est resté en usage ; aussi quand on a commencé à scinder ce genre, on a conservé le terme diplax dans des noms composés.
Justininia ; Selys (1) dans le document déjà cité décrit successivement Libellula justina (synonymisé avec E. fervida) et Libellula justiniana, qu’il appelle aussi respectivement Libellule justine et Libellule justinienne. Si l’origine du nom de ces 2 espèces semble apparenté, Selys n’explique pas son choix et peut-être ne faut-il y voir que l’habitude de donner des noms en rapport avec l’histoire antique.
1- Selys Longchamps, E. de, 1857. Odonates de Cuba. In: Sagra, R. de la (ed.) “Histoire physique, politique et naturelle de l’Ile de Cuba”, 8: 336-472.
2- Adrian Trapero & Carlos Naranjo – Revision of the Order Odonata in Cuba – Bulletin of American Odonatology – vol. 7, Aug. 2023
3- The Scientific Names of North American Dragonflies, Heinrich Fliedner & Ian Endersby, Busybird Publishing, 2019.