J’avais déjà rencontré Erythrodiplax attenuata en Colombie voisine, et j’y avais fait d’assez médiocres photos ; c’est sans doute par souci de ne pas les dévaloriser que celles-ci ne sont pas beaucoup meilleures et m’ont beaucoup déçu.
C’est pourtant un odonate très intéressant, car il présente deux formes (morphes) pour les mâles : l’une comme ci-dessus aux ailes colorées, l’autre aux ailes hyalines, celui que nous avons rencontré le plus souvent au Pérou.
D’ailleurs, la forme aux ailes colorées a été décrite par Kirby (sous le nom de Trithemis (?) attenuata) en 1889, et Sjöstedt en 1918, a décrit un Erythrodiplax attenuata forma hyalina, mais cette dernière forme a été synonymisée avec la forme nominale. Heureusement, la forme des taches abdominales est vraiment identique.
Les deux photos ci-dessus ont été prises dans une zone plus ou moins marécageuse du lodge de Tahuayo le 15/08/2023 ; un sujet aux ailes colorées, aux yeux devenus verts est pleinement mature, l’autre aux yeux bleus, aux ailes qui resteront hyalines est encore jeune.
Il mesure 30 à 35 mm.
Ils habitent les zones marécageuses, les étangs et lacs, c’est une espèce commune dans cette aire.
La distribution de l’espèce est étonnante ; s’il est bien présent au Pérou, en Colombie et en Équateur, malgré d’immenses lacunes, il est aussi signalé tout au nord du Brésil, puis au sud de Rio de Janeiro…
IUCN Red List
Les femelles sont la copie conforme des mâles immatures (et vice et versa) pour les motifs abdominaux, ce qui facilite l’identification, car entre une femelle aux ailes hyalines et un mâle bien mature aux ailes noires, la parenté ne serait pas facile à établir sur le terrain.
Étymologie
Erythrodiplax (2) (Brauer, 1868) du grec erythro, signifiant rouge et de diplax. Diplax (1840) est un nom de genre donné par Charpentier, formé par un préfixe signifiant deux ou double – et plax qualifiant quelque chose de plat, en accord avec la forme de la partie postérieure du pronotum présentant 2 structures semi-circulaires.
Charpentier ignorait que Newman avait déjà décrit ce genre sous le nom de Sympetrum (1833), et longtemps le genre Diplax est resté en usage ; aussi quand on a commencé à scinder ce genre, on a conservé le terme diplax dans des noms composés.
Pourquoi avoir qualifié ce Diplax de rouge ? L’explication est pour moi assez confuse ; disons que Kirby a retenu Erythrodiplax corallina, presque totalement rouge, comme l’espèce type du genre Erythrodiplax.
Attenuata, du latin attenuatus qui signifie atténué, amoindri, affiné, se rapporte sans doute à la forme de l’abdomen. Kirby écrit : « Abdomen black, slender, gradually thickened at base and tip – L’abdomen noir, mince, progressivement épaissi à la base et à la pointe ».
1- Kirby, 1889 – A revision of the subfamily Libellulinae, with descriptions of new genera and species, p. 328.
2- The Scientific Names of North American Dragonflies, Heinrich Fliedner & Ian Endersby, Busybird Publishing, 2019.