Vietnam – Aeschnophlebia samurai (Kompier, Karube, Futahashi & Phan, 2021)

Aeschnophlebia samurai, pourtant très récemment décrit, après notre séjour au Vietnam, a déjà changé de genre, car il a été décrit sous le nom de Planaeschna (1). C’est un genre qui a subi plusieurs modifications et Oleg Kosterin lui a consacré une publication en 2023 (2).

Aeschnophlebia samurai femelle, Vietnam, Pia Oac, 05/06/2018
Aeschnophlebia samurai femelle, Vietnam, Pia Oac, 05/06/2018

C’est la première fois que je rencontre un représentant de ce genre ; il y en a au moins une douzaine au Vietnam (36 sont connus en Asie (2)(4) en septembre 2024), d’autres seront certainement découverts et d’autres feront l’objet de synonymies, car leurs motifs thoraciques et abdominaux sont très semblables et rien n’est connu de leur variabilité géographique ; le S2 (deuxième segment) porte cependant un motif qui permettrait souvent de les séparer de façon fiable.
Ils sont pour la plupart rarement observés en raison de leurs habitudes crépusculaires et de leur habitat forestier.

Vietnam, Pia Oac, 05/06/2018 Biotope Aeschnophlebia samurai
Vietnam, Pia Oac, 05/06/2018

Ici, le contact a été rendu plus facile du fait que c’est un sujet émergent, sans doute arrivé ici lors de son vol inaugural.

L’abdomen de la femelle, appendices anaux compris, mesure de 49,6 à 55 mm (47 à 52.8 mm pour le mâle) et elle atteint donc une longueur totale d’environ 67 mm.
Aeschnophlebia samurai est actuellement considéré comme endémique du nord du Vietnam, et n’est connu que des régions de Cao Bang et de Yen Bai. Il pourrait cependant être présent en Chine. L’IUCN ne le connaît sous aucun de ses deux noms.

Étymologie
Le genre Aeschnophlebia a été décrit par Selys, 1883, pour A. optata (maintenant A. milnei), du Japon. La première partie du nom rappelle son appartenance à la famille des Aeshnidae, la seconde vient du grec phleb  signifiant veine ou relatif aux veines pour indiquer une particularité de la nervation (veination) de ce genre et par analogie avec le genre Staurophlebia (Brauer, 1865). Selys insiste en effet dans sa description sur « Nervure sous-costale prolongée (tout au moins aux ailes supérieures) au-delà de la veine du nodus (qu’elle traverse) jusqu’à la première nervule postcubitale. » puis « Le caractère singulier de la nervure sous-costale prolongée au-delà de la veine du nodus, sur lequel le Dr Brauer a fondé son genre Staurophlebia, est très exceptionnel chez les Odonates. » 
Mais quand Selys décrit ce genre, il y intègre trois espèces, toutes trois présentent bien sûr ce caractère singulier. Mais, très mauvais hasard, l’exemplaire de A. optata décrit pas Selys est absolument unique, en ce sens que tous les autres sujets examinés ultérieurement ne présentent pas cette veine costale prolongée. De plus, les deux autres espèces décrites, pour lesquelles ce caractère est stable, ont changé de genre…
 Les Aeschnophlebia actuels, au sens de O. Kosterlin (qui n’est d’ailleurs pas d’accord avec l’étymologie que je propose pour des raisons qui m’échappent) ne montrent pas cette veine costale dépassant le nodus.

L’étymologie de samurai est expliquée par les auteurs : « l’espèce prend son nom du motif de la face dorsale du S2 qui rappelle le caractère japonais “士” qui signifie samouraï. Nom en apposition.« 

1- Kompier, Karube, Futahashi & Phan, 2021 – The genus Planaeschna McLachlan, 1895 and its subgroupings in Vietnam, with descriptions of three new species (Odonata: Aeshnidae) – Zootaxa 5027 (1): 001–035
2- Kosterlin O., 2023 – Nomenclatural reconsideration of the genera Aeschnophlebia Selys, 1883 and Planaeschna McLachlan, 1896 (Odonata, Aeshnidae) – Zootaxa 5353 (5): 495–500
3- Selys, 1883 – Les Odonates du Japon – p 121.
4- World Odonata List

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