Burmargiolestes melanothorax est un Rhipidolestidae dont le genre (Kennedy, 1925) ne renferme qu’une seule autre espèce, B. laidlawi, qui est encore plus rare. Il a été décrit par Selys (1), sous le nom d’Argiolestes melanothorax.
Noter les fémurs clairs et les tibias orangés.
Il ressemble à une autre Rhipidolestidae, Agriomorpha fusca, qui n’est cependant pas présent en Thaïlande, mais s’en distingue par l’absence de coloration claire sur les deux derniers segments.
Selon Asahina (2), il mesure 47 mm au total, avec une aile postérieure de 27 mm.
Selys a dû avoir en main un sujet décoloré par la mise en collection ou un individu très vieux, car il écrit « Thorax en entier noir luisant« , négligeant les deux ou trois courtes lignes jaunes à l’arrière du thorax et les bandes antéhumérale partielles, qui s’atténuent certainement en vieillissant.
Noter le contraste spectaculaire entre sa face jaune vif et le reste du corps noir ou sombre. Et les gouttes d’eau que porte cet individu, la pluie ne nous a pas épargné non plus.
Nous les avons rencontrés, cette fois près d’une petite chute d’eau et de son ruisseau / torrent, la zone montrant différentes sources ou suintements très à l’ombre de la forêt, d’autant que le soleil était absent.
Nous avons eu la chance sur différents sites de rencontrer plusieurs femelles.
Elles sont dotées d’un lourd et spectaculaire ovipositeur.
L’espèce se distribue au nord du Vietnam, du Laos et de la Thaïlande, et au Myanmar. Elle n’est peut-être pas rare, mais sûrement difficile à repérer avec sa coloration sombre et son comportement qui lui fait apprécier l’ombre dense.
Elles sont aussi peu colorées que les mâles, en particulier leur face est beaucoup plus terne.
Burmargiolestes ; on reconnaît le mot Burma utilisé par les colonisateurs anglais pour se référer à la Birmanie ou maintenant Myanmar. C’est dans ce pays que l’holotype a été capturé par Leonardo Fea.
On ne sait pas pourquoi Selys a utilisé la composition –Argiolestes, qui est issue de la racine agrion, comme dans agriocnemis ou argiocnemis (voir l’étymologie de ce nom) et de lestes, qui vient d’un mot grec signifiant pirate (si Leach, en 1815, n’a pas expliqué le choix de ce terme, on pense que c’est par analogie de forme entre les appendices anaux supérieurs (cerques) et le coutelas arqué des pirates. Il est très intéressant de lire à ce sujet l’analyse, sans doute définitive, faite par Matti Hämäläinen & Heinrich Fliedner (Why did William Elford Leach call a small damselfly a « pirate » ? – Revisiting the etymology of the genus Lestes (Odonata: Lestidae), Matti Hämäläinen & Heinrich Fliedner, Notulae odonatologicae 10(1) 2023:8-16.)). Mais l’introduction de lestes dans le nom de genre est sans doute explicable en raison de leur façon, pour certains, de se poser ailes ouvertes.
Melanothorax est plus simple, du grec ancien melas ou melanos qui signifie noir et de thorax qu’il n’est pas besoin d’expliquer. Selys (1) insite sur la coloration du thorax : » La melanothorax diffère de toutes les autres espèces par le thorax noirâtre sans bandes jaunes…«
1- Selys, 1891 – Viaggio di Leonardo Fea in Birmania e regione vicine. XXXII. Odonates.p 500
2- Asahina, 1997 – Records of the Northern Vietnamese Odonates Taken by the expdition members from the National Science Museum, Tokyo – Bulletin National Science Museum Tokyo Series A Zoology 23(2):107-113.