J’ai été particulièrement content de retrouver ces Coeliccia chromothorax mâles (Platycnemididae) que j’avais déjà admirés quelques années auparavant au Laos et au Vietnam ; les contrastes entre le noir de sa tête et ses yeux verts, le noir de sa bande thoracique et son thorax jaune lumineux sont splendides. S’y ajoute la petite touche de jaune à la fin de l’abdomen qui est noir également sur sa face supérieure.
Ces éléments suffisent à l’identification de ces mâles matures très élégants.
Sur ces photos, on note deux constantes des Coeliccia, un genre très riche qui compte actuellement 80 espèces en Asie : les longues et rares épines sur les pattes ainsi que les petites taches postoculaires cunéiformes placées très en arrière de la tête.
Selys, qui a décrit l’espèce (1) sous le nom de Calicnemis chromothorax à partie d’un exemplaire de Birmanie (Myanmar) indique que l’abdomen du mâle mesure 39 à 40 mm, il atteint donc une longueur totale d’environ 47 mm.
On pourrait tout de même confondre Coeliccia chromothorax mâle avec les mâles Coeliccia poungyi immatures (nous les avons rencontrés sur un même site), mais ceux-ci, très similaires pour le thorax lumineux montrent plus de jaune sur l’abdomen, colorant entièrement le neuvième segment et débordant légèrement sur le huitième.
Nous les avons observés essentiellement sur deux sites, tous les deux assez ouverts, en limite de forêt, l’un le long d’une rivière, l’autre près d’une mare à près de 1200 m d’altitude.
Si je connaissais donc déjà l’espèce, je n’avais jamais vu de femelles et nous avons eu la chance d’observer plusieurs tandems et tentatives d’accouplement ; et c’est toujours une excellente occasion d’examiner les femelles, qui isolées, sont parfois très difficiles à identifier.
Ci-dessous, la femelle n’est jamais parvenue à positionner correctement son abdomen contre celui du mâle et la gymnastique était assez comique.
C’est aussi l’occasion de constater la technique de capture du mâle qui utilise ses appendices anaux afin de crocheter la femelle par son pronotum.
La distribution de l’espèce s’étend du Myanmar au sud de la Chine (Yunnan) à travers le Laos, la Thaïlande et le Vietnam.
IUCN Red List
Selys a décrit la première espèce du genre en 1863 sous le nom préoccupé de Trichocnemis (coléoptère longicorne) et c’est Kirby qui a rectifié et créé le genre Coeliccia en 1890. Ce nom de genre, inexpliqué par l’auteur à ma connaissance, vient peut-être du latin coelum » (ou « caelum »), qui signifie ciel ou céleste, et d’un suffixe ou simple terminaison choisie pour l’esthétique ou la phonétique. En effet, la première espèce décrite par Selys, Trichocnemis membranipes, est bleu-ciel, pour toutes ses parties non noires.
Chromothorax, du grec ancien chroma qui signifie couleur et thorax qu’il n’est pas besoin d’expliciter. Selys a choisi pour cette espèce d’insister sur la couleur jaune de chrome, comme il le mentionne dans sa description : « Thorax jaune de chrome brillant … La moitié terminale du 9° en dessus et le 10° en entier sont jaune de chrome … Appendices anals jaune de chrome.«
1- Selys, 1891, Viaggio di Leonardo Fea in Birmania e regione vicine. XXXII. Odonates.p 502