Coeliccia loogali, Platycnemididae, est un des 5 Coeliccia que nous avons contacté en Thaïlande, un des 80 que comprend ce genre très riche. De nombreuses espèces ont été décrites ces dernières années, comme C. curua ou C. pulchella en 2020. Et même si le genre est très riche, l’identification n’est pas trop difficile, car ils diffèrent, pour ceux que j’ai rencontrés, en coloration ou/et en motifs sur le thorax.
Coeliccia loogali mâle se reconnaît par son abdomen complètement sombre dorsalement, la partie inférieure des yeux et du thorax bleu ciel et sa bande antéhumérale également bleu ciel, en virgule, plus ou moins longue. Noter le petit trait des taches postoculaires, très postérieures, caractéristiques du genre.
Il a été décrit par Laidlaw (1) qui précise que l’abdomen du mâle atteint 43 mm (41 à 46 mm pour Asahina (2)) et son aile postérieure 28 mm, il atteint donc une longueur totale d’environ 51 mm.
Comme fréquemment, les mâles immatures arborent les couleurs des femelles et sont très différents des mâles matures. Il serait vraiment intéressant de trouver des sujets portant les couleurs intermédiaires ! Mais ces phases transitionnelles sont sans doute très courtes.
Ils sont apparemment localement communs, c’est en tout cas ce que nous avons observé au long de cette rivière forestière, avec un courant assez rapide, qui est utilisée pour alimenter une station hydroélectrique et fourni de nombreux captages pour l’irrigation des cultures maraîchères ; nous sommes en effet à 1300 m d’altitude et la chaleur est nettement moins élevée que dans la plaine.
Nous les avons trouvés dans l’ombre, posés sur la végétation, entre 50 cm et 2 mètres, à quelques mètres de la rivière.
Il partageait cet environnement avec un nombre important de Megalestes kurahashii, un spectaculaire Lestidae qui mérite amplement son qualificatif de Mega. Nous y avons aussi trouvé notre premier Mnais andersoni, qui s’avérera commun plus haut sur la rivière.
Les femelles matures ont également un abdomen noir, mais portent un motif clair typique sur les derniers segments. Leur bande antéhumérale jaune est plus longue que celle des mâles.
Mais ce motif sur les derniers segments n’apparaît qu’au cours de la maturation, car comme on le voit ci-dessous, il est absent pour les sujets émergents ou les immatures, comme illustré sur les photos ci-dessous.
Coeliccia loogali femelle immature, Thaïlande, Ban Luang, 02/06/2024
L’espèce est présente au nord-est de l’Inde, au Myanmar, au nord du Laos et de la Thaïlande.
IUCN Red List
Coeliccia loogali mâle, Thaïlande, Ban Luang, 02/06/2024
Etymologie
Selys a décrit la première espèce du genre en 1863 sous le nom préoccupé de Trichocnemis (coléoptère longicorne) et c’est Kirby qui a rectifié et créé le genre Coeliccia en 1890. Ce nom de genre, inexpliqué par l’auteur, à ma connaissance, vient peut-être du latin coelum (ou caelum ), qui signifie « ciel » ou « céleste « , et d’un suffixe ou simple terminaison choisie pour l’esthétique ou la phonétique. En effet, la première espèce décrite par Selys, Trichocnemis membranipes, est bleu-ciel, pour toutes ses parties non noires.
Je n’ai pas eu plus de succès avec le nom d’espèce loogali. L’holotype a été décrit depuis une espèce capturée au Myanmar, alors appelée Brimanie, près d’une cité jadis nommée Maymyo, maintenant Pyin U Lwin ou Pyin Oo Lwin. Je ne sais donc pas à quoi se réfère ce loogali.
1- Laidlaw, 1932 – « A revision of the genus Coeliccia (Order Odonata) » p. 26, Records of the Zoological Survey of India, 34(1), 07–42.
2- Dr Syoziro Asahina, A List of the Odonata from Thailand (Parts I – XXI), Bro. Amnuay Pinratana, 1993.