Pérou – Ischnura fluviatilis (Selys, 1876)

Ischnura fluviatilis mâle, Pérou, Tahuayo lodge, 12/08/2023
Ischnura fluviatilis mâle, Pérou, Tahuayo lodge, 12/08/2023

Nous n’avons rencontré Ischnura fluviatilis que sur un seul site, une seule fois, alors que je suis revenu à plusieurs reprises pour essayer de faire de meilleures photos et de trouver une femelle. Seul, il se trouvait sur un petit ruisseau encaissé, avec un débit assez fort, qui sort de la forêt, à une trentaine de mètres du lodge et de la rivière Tahuayo, en compagnie de Hetaerina sanguinea et de nombreux Erythrodiplax attenuata. Je l’avais déjà rencontré dans de meilleures circonstances, avec une femelle, au Brésil.
Il a été décrit par Selys dans son Synopsis des Agrionines (1), et cet auteur trouvait qu’il ressemble à notre Ischnura pumilio européen. Pourtant, le S8 de I. fluviatilis est tout bleu, celui de notre I. pumilio bleu, seulement dans son tiers postérieur, ce qui le rend plus proche de I. capreolus sur ce point, mais Selys ne connaissait pas cette dernière espèce…
En tout cas, le genre est toujours facile à identifier avec ses taches postoculaires si caractéristiques, petites et rondes..

On ne peut donc le confondre dans cette région qu’avec I. capreolus, qui s’en sépare par le détail déjà mentionné et par le fait que ses ptérostigmas sont bicolores, ceux de I. capreolus étant brun sombre ou grisâtres.
Il est aussi plus grand que le minuscule I. capreolus et mesure 30 mm.

Ischnura fluviatilis mâle, Pérou, Tahuayo lodge, 12/08/2023
Ischnura fluviatilis mâle, Pérou, Tahuayo lodge, 12/08/2023

Il habite les marges bien végétalisées des milieux humides, des lacs et des étangs, mais aussi les rives des ruisseaux et rivières comme le suggère son nom d’espèce.
De la même façon que d’autres espèces d’Ischnura, il nous semble parfois énervé, et agite son abdomen de bas en haut à plusieurs reprises, ce qui est sans doute un signal, un mode de communication d’une information que nous ne pouvons qu’imaginer. C’est en tout cas un comportement fréquemment rapporté (ici sur un Ischnura pumilio) et qui apparaît limité à ce genre.

L’espèce présente une large distribution en Amérique du Sud, du Venezuela à la Guyane Française, jusqu’au Chili et à l’Argentine.
IUCN Red List, qui ne doit pas être vraiment à jour.

Ischnura fluviatilis mâle, Pérou, Tahuayo lodge, 12/08/2023

Ischnura (2) vient du grec ischnos pour fin ou mince et de oura qui signifie queue. Charpentier explique qu’il a créé ce nom en raison de la finesse exceptionnelle de l’abdomen (sans doute en comparaison du genre Calopteryx, d’après Fliedner (2006), car elle n’a pour nous rien d’étonnant en soi).
Fluviatilis, du latin fluviatilis, –relatif au fleuve. Selys rapporte que certains exemplaires qu’il détient on été pris sur le haut Amazone aux bords de l’Irura ; cependant je n’ai pas réussi à trouver de fleuve ou de rivière de ce nom. Seul un lieu nommé Iraru sur le rio Javari, à la frontière du Brésil et du Pérou, pourrait correspondre.

Ischnura fluviatilis mâle, Pérou, Tahuayo lodge, 12/08/2023

1- Selys-Longchamps. 1876. Synopsis des Agrionines (suite de la 5eme légion: Agrion). Le grand genre AgrionBulletins de l’Académie Royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique
2- The Naming of Australia’s Dragonflies, Ian Endersby & Heinrich Fliedner, Busybird publishing.

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