Dans le marais du lac de Péronne, le 18 juillet 2024, j’ai aperçu du coin de l’œil un insecte volant curieusement. En m’approchant, j’ai vu qu’un Sympetrum, voletait péniblement au sol, culbutant sur lui-même, s’accrochant aux herbes en tentant de s’agripper et de remonter le long des tiges de joncs. De temps en temps, il s’envolait et retombait en essayant de s’envoler, s’accrochant au hasard aux tiges.
Je me suis donc approché pour enquêter…
Et j’ai constaté que cette femelle Sympetrum meridionale émergente tentait de s’envoler et de s’extraire de son exuvie, les derniers segments coincés à l’intérieur. À chaque tentative de décollage, l’exuvie se prenait dans les herbes et s’opposait à l’envol.
Je n’ai bien sûr aucune explication pour cet accident d’émergence qui s’est certainement produite le matin même, sans vent, dans le beau temps ensoleillé, une des premières belles journées de cet été anormalement pluvieux. Ces accidents sont finalement assez courants et en tout cas les observations ne sont pas rares, ce qui est assez logique dans la mesure, où les individus sont faciles à remarquer, car ils ne s’envolent pas…
J’avais ainsi observé un Pyrrhosoma nymphula coincé par une aile dans son exuvie, ou encore un Anax imperator ou un Orthetrum cancellatum, et bien d’autres, qui ne sortiront jamais de leur enveloppe larvaire.
J’ai hésité, mais j’ai finalement décidé de tenter d’aider cette femelle ; je l’ai capturée sans difficulté, à la main, et en tirant très délicatement sur l’exuvie, je l’ai libérée. J’ai été surpris de devoir tirer si peu fort et elle se serait peut-être libérée toute seule, finalement.
L’abdomen est très abimé, un des cerques semble absent (ne s’est pas développé ?), et il semble peu probable que cette femelle ait une descendance.
Noter les fils blancs qui sont des trachées aériennes, c’est-à-dire des conduits qui permettent d’apporter l’air directement aux organes de la libellule dans son enveloppe larvaire, dans les derniers moments de sa vie de larve.