Les Polythoridae sont spectaculaires, Polythore aurora est magnifique dans l’ombre du sous-bois. Il fait partie d’un genre (Calvert, 1917) qui comprend 23 espèces et dont de nombreux membres ont les ailes colorées par bandes, d’extension et d’intensité variables au sein d’une même espèce. Ils ont fait l’objet de nombreuses études très techniques comme « Color Polymorphism in Tropical Damselflies » (1) dans laquelle on trouve les photos ci-dessous, montrant à gauche les formes fréquentes et à droite les formes extrêmes pour Polythore aurora. À noter que l’irisation bleutée sur la photo ci-dessus est accentuée par le flash.
Ce sont des espèces des pentes andines particulièrement abondantes au Pérou. Elles sont incluses pour leurs caractéristiques physiques et géographiques dans six groupes et celui qui contient P. aurora est celui dont le territoire est le plus à l’est.
Lorsque les ailes sont fermées, il est plus facile de constater que la bande orange est surtout marquée sur l’aile antérieure, les ailes postérieures ne portant au même endroit qu’une bande pâle.
Je ne crois pas que tous ces sujets soient le même individu ; les photos 1 et 4 représentent le même sujet, mais les autres photos ont été faites 25 minutes avant. Je n’ai pas de souvenir précis ; je me souviens seulement que la scène se déroule le long d’un ruisseau, dans l’ombre, et que nous avons poursuivi ce ou ces individus dans un enchevêtrement de troncs et de branches pendant un bon moment, et qu’ils se sont révélés très difficiles à approcher. Nous étions alors sur la Terra Firme, cette partie de la forêt amazonienne qui n’est jamais inondée et qui nous a offert des espèces bien différentes.
Selys dans ses Quatrièmes additions au Synopsis de Calopterygines (2) nous dit que l’aile postérieure du mâle Thore aurora mesure 29 mm, son abdomen 35 ; l’insecte entier mesure environ 44 mm. On trouve la même longueur d’aile dans Bick & Bick (1986) (3). Ils fournissent une clé et des photos des ailes des espèces qui étaient connues à cette époque (hors groupe P. picta qu’ils détaillent dans un autre document).
Ci-dessus une image à 100% qui permet d’observer les ptérostigmas sombres, en position extrêmement apicale.
On rencontre Polythore aurora sur les ruisseaux et rivières en forêt des régions amazoniennes de Colombie, d’Equateur, du Pérou et du Brésil.
IUCN Red List
Quarante-huit heures avant cette rencontre, sur un autre site sur la Terra Firme, nous avions aperçu une femelle. Elle a très rapidement disparu. On voit que son apparence est très proche de celle du mâle, en excluant bien sûr le lourd abdomen et l’ovipositeur massif à son apex.
Polythore ; je ne suis pas parvenu à trouver une origine satisfaisante au mot « thore« .
Aurora, du latin – aurore, aube doit être compris comme une couleur, couleur du ciel à l’aube. Historiquement, c’est un jaune-orangé et Selys (2) écrit : » La bande transverse médiane des ailes est d’un orangé plus vif« . Et plus loin, décrivant une jeune femelle : « La bande aurore, plus étroite… ».
1- Sánchez Herrera M, Kuhn WR,Lorenzo-Carballa MO, Harding KM, Ankrom N, Sherratt TN, et al. (2015) Mixed Signals ? Morphological and Molecular Evidence Suggest a Color Polymorphism in Some Neotropical Polythore Damselflies.
2- De Selys, Quatrièmes additions au Synopsis de Calopterygines, Bulletins de l’Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique, t47, 1879, p 401.
3 Bick & Bick, The genus Polythore exclusive of the picta group (Zygoptera: Polythoridae), Odonalologica 15(3): 245-273, September I, 1986