Une seule et unique rencontre avec Perithemis cornelia sur un seul support, sous le même angle, en tentant de s’approcher dans l’eau trop profonde d’une petite rivière. C’est tout de même un cadeau, car c’est la dernière matinée de prospection, nous reprenons la pirogue pour retourner vers Iquitos dès l’après-midi.
C’est sans doute un jeune sujet dont les ailes dorées montrent à peine les marques plus sombres caractéristiques de l’espèce ; on les devine cependant, sur l’aile postérieure, juste après et en dessous du nodus et plus bas, sous la forme d’une large virgule un peu plus sombre. On ne distingue pas les marques des ailes antérieures, en principe identiques près du nodus mais aussi à l’extrémité du subtriangle.
Mais ces marques sombres sont très variables quant à leur extension et leur intensité. Et j’ai eu quelques doutes quand j’ai vu les ptérographies figurant dans la révision de Ris (1). Elles semblent n’avoir aucun rapport avec les ailes de mon sujet… Il me manque sans doute un élément, car mon sujet est bien copie-conforme de ce qu’on trouve sur le Web, Inaturalist par exemple.
Plusieurs autres détails confirment l’identification : les pattes toutes jaunes, le thorax jaune avec des faibles marques noires sur les sutures, l’abdomen dépourvu de marques sombres. Et surtout, l’extrémité des ailes hyalines, très visiblement sur les ailes antérieures, moins sur les postérieures.
C’est une très petite espèce et Ris, dans sa révision du genre (1) nous dit que l’abdomen mesure seulement 13 mm, ce qui donne une longueur totale de moins de 25 mm (le Ø d’une pièce de 2€ !).
La photo ci-dessus souligne l’aspect disproportionné de l’insecte, les yeux énormes par rapport au thorax.
Les Perithemis se rencontrent, selon les espèces, sur des ruisseaux, des petites rivières ou des lacs et étangs ; celui-ci semble donc préférer les eaux faiblement courantes.
On peut rencontrer Perithemis cornelia dans tout l’est du bassin amazonien : de la Guyane Française à la Colombie, l’est du Pérou, le nord de la Bolivie et l’est du Brésil.
IUCN Red List
Étymologie
Le genre Perithemis a été créé par Hagen en 1861, du grec peri, –autour et de Themis, déesse grecque de L’Ordre et de la Justice. Themis est fréquemment utilisé encore après Hagen, pour nommer des Libellulidae, par imitation de ce que faisaient les anciens en utilisant des noms issus de la mythologie.
Ian Endersby et Heinrich Fliedner (2) proposent cette origine : « Le nom se rapporte probablement à l’abdomen plus étroit à la base (= autour du corps) qui est une caractéristique distinctive » et Hagen écrit : » abdomen beaucoup plus court que les ailes, large, aplati, plus étroit à la base ».
Cornelia est vraisemblablement une référence à l’histoire antique, de nombreux personnages historiques romains portent ce nom, mais il est pour moi impossible de connaître de façon certaine celui (celle plutôt !) qu’honore Ris, peut-être Cornelia Africana…
1- Ris F. « A Revision of the Libelluline Genus Perithemis (Odonata) », University of Michigan, Museum of Zoology, Miscellaneous Publications No. 21
2- The Scientific Names of North American Dragonflies, Heinrich Fliedner, Ian Endersby – Busybird Publishing 2019