Perithemis bella est une rareté, il n’existait pas de photos disponibles sur le Web avant celles de notre équipe, à part celles de Dennis Paulson, à la fois sous forme de scan, dans sa collection ou au Pérou sur Inaturalist.
C’est un insecte minuscule, 23 à 24 mm au total, dont les ailes sont très richement colorées, « Wings rich and pure golden yellow… » (les ailes d’un riche et pur jaune doré) écrit Ris dans sa révision du genre (3) en 1931.
J’ai abordé mes recherches sur l’espèce par ce document et j’ai été embêté, car il écrit ensuite : »…the hind wing entirely, the front
wing to the pterostigma in the costal space, to half-way between the triangle and nodus in the rest of the wing, the border line slanting towards the base. » Pour Ris, hormis l’espace sous-costal postnodal, l’aile antérieure n’est colorée qu’à sa base, ce qui ne correspond pas à ce que nous avons observé, où elle est colorée de la base au ptérostigma.
Je n’ai pas été plus rassuré quand j’ai lu la même description dans Kirby (1) accompagnée d’une planche très explicite :
En continuant mes recherches, j’ai vu que le même Kirby a décrit Perithemis austeni en 1897 (2), un Perithemis qu’il trouvait très proche de P. bella : « Closely allied to P. bella… » « In most other characters this insect agrees with P. bella ;… » . Mais dont seulement la partie apicale de l’aile antérieure était subhyaline (« only the apical area of the fore wings subhyaline« ). Et les deux espèces ont été ultérieurement synonymisées, retenant le premier nom donné à l’espèce, et reconnaissant la variabilité de l’extension de la coloration.
Il n’y a pas beaucoup de variété dans mes photos ; elles ont été faites sur une période de 3 minutes, toutes sur le même perchoir, une branche morte sortant de l’eau, à une dizaine de mètres du rivage d’un petit lac, près de la rivière Tahuayo. Il surveillait son territoire, faisant de brefs vols d’intimidation vers d’autres odonates qui tentaient d’empiéter sur son terrain réservé.
Mais Phil Benstead en a fait des photos, trois jours auparavant, sur la rivière Tahuayo, depuis la pirogue…
L’habitat de Perithemis bella est donc large, rivière très lente (très faible niveau) ou eau stagnante, en limite de forêt.
Il est très rare, mais sa distribution semble pourtant étendue, selon l’IUCN : l’état brésilien du Para (mais pas Amazonas), l’Amazonie Colombienne et Péruvienne. La carte de l’IUCN montre des données en Équateur, non reprise dans le texte.
Étymologie
Le genre Perithemis a été créé par Hagen en 1861, du grec peri, –autour et de Themis, déesse grecque de L’Ordre et de la Justice. Themis est fréquemment utilisé encore après Hagen, pour nommer des Libellulidae, par imitation de ce que faisaient les anciens en utilisant des noms issus de la mythologie.
Ian Endersby et Heinrich Fliedner (4) proposent cette origine : « Le nom se rapporte probablement à l’abdomen plus étroit à la base (= autour du corps) qui est une caractéristique distinctive » et Hagen écrit : » abdomen beaucoup plus court que les ailes, large, aplati, plus étroit à la base ».
Bella est fourni par Kirby, qui ne donne aucun indice. Mais, en latin, c’est le nominatif singulier féminin d’un adjectif signifiant « joli, élégant » et il est vraisemblable que Kirby l’ait trouvé très joli…
1- Kirby W. F. « A revision of the subfamily Libellulinae, with descriptions of new genera and species« . Trans. 2001. Soc. London 12: 249-348, pls. 51-57. 1889
2- Kirby W. F. « List of the Neuroptera collected by Mr. E. E. Austen on the Amazons &c. during the recent expedition of Messrs. Siemens Bros. Cable S. S. ‘Faraday,’ with descriptions of several new species of Odonata (dragonflies)«
3- Ris F. « A Revision of the Libelluline Genus Perithemis (Odonata) » , University of Michigan, Museum of Zoology, Miscellaneous Publications No. 21
4- The Scientific Names of North American Dragonflies, Heinrich Fliedner, Ian Endersby – Busybird Publishing 2019