Argia kokama (Calvert, 1909)

Argia kokama mâle, Pérou, 10 km SE Tahuayo lodge sur Terra Firme, 22/08/2023
Argia kokama mâle, Pérou, 10 km SE Tahuayo lodge sur Terra Firme, 22/08/2023

Argia kokama n’a pas été simple à identifier, faute de bonnes photos de ses appendices anaux.
Nous l’avons rencontré près d’un ruisseau, sur la Terra Firme, la terre ferme (jamais inondée par les crues de l’Amazone et de ses tributaires).
Partis en pirogue à 6 heures du Lodge de Tahuayo, nous avons remonté le Rio Blanco, à faible vitesse le plus souvent, en raison du manque d’eau, pendant 3 heures, pour nous retrouver sur la terre ferme à environ 10 km au sud-est de notre base.
Et là, c’est un vrai plaisir de progresser en forêt sans être dans la boue !

A 3 reprises, nous avons rencontré quelques mâles, très ternes, curieusement marron, aux ailes à peine ambrées, avec de larges taches postoculaires plus ou moins polygonales et aux motifs abdominaux bien particuliers. Mais parmi les 146 Argia connus au Nouveau Monde, il y en a 28 au Pérou !
En épluchant mes photos, je suis parvenu à trouver une ressemblance avec les appendices anaux de A. kokama tels que dessinés dans une publication de Natalia von Ellenrieder & Rosser W. Garrison (1).

Argia kokama, appendices anaux / Natalia von Ellenrieder & Rosser W. Garrison (1)
Argia kokama, appendices anaux / Natalia von Ellenrieder & Rosser W. Garrison (1)

La face dorsale des trois premiers segments abdominaux est bleue… un bleu violacé très terne, non loin du marron du thorax.
Mais la répartition des couleurs est vraiment spécifique, avec un léger étranglement sur le 2° segment et des apex « en pointe » sur les 2° et 3°. On en trouve qu’une seule photo ressemblante sur Inaturalist, une photo de 2009.

Argia kokama mâle, Pérou, 10 km SE Tahuayo lodge sur Terra Firme, 22/08/2023
Argia kokama mâle, Pérou, 10 km SE Tahuayo lodge sur Terra Firme, 22/08/2023
Argia kokama mâle, Pérou, 10 km SE Tahuayo lodge sur Terra Firme, 22/08/2023

Il mesure à peine moins de 30 mm et n’est actuellement connu que du Pérou et de l’Équateur.

Il est curieux de noter qu’il a aussi été décrit sous le nom de A. makoka par Fraser en 1946 qui avait bien avait noté la ressemblance avec A. kokama. Si on connaît l’étymologie du nom kokama (voir plus bas), je suppose, car je n’ai rien trouvé de sensé, que Fraser a joué avec la ressemblance des individus et des noms (sans doute avait-il un doute en créant cette nouvelle espèce).

Toujours est-il que les deux espèces ont été synonymisées par Natalia von Ellenrieder & Rosser W. Garrison dans le document déjà cité plusieurs fois (1).

Dans la mythologie grecque, Argia (1) est le nom de plusieurs personnages féminins de la mythologie grecque ; il ne faut sans doute pourtant pas chercher de lien et il semble plutôt que Rambur ait choisi un nom de genre aussi près que possible de Agrion, dont la nervation, dit-il, est similaire : « par le ptérostigma et les deux nervules du premier espace costal, ils se rapprochent des Agrion”.
Kokama ; Calvert écrit dans « Contribution to a knowledge of the Odonata of the Neotropical Region exclusive of Mexico and Central America » : « The specific name proposed is that of a human tribe of the vicinity. » (Le nom spécifique proposé est celui d’une tribu humaine des environs.)

Argia kokama mâle, Pérou, 10 km SE Tahuayo lodge sur Terra Firme, 22/08/2023
Argia kokama mâle, Pérou, 10 km SE Tahuayo lodge sur Terra Firme, 22/08/2023

1- Untangling some taxonomic riddles on damselfly genera (Zygoptera) from the neotropical region », Natalia von Ellenrieder & Rosser W. Garrison, IDF-Report 11 (2007): 1-34, p 17.

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