Nous n’avons rencontré Uracis siemensi qu’avec des ailes hyalines ; il se présente sous au moins 3 formes qu’ont représentées Costa et Santos dans « Intra-and interspecific variation in the genus Uracis Rambur, 1842, with a key to the known species (Anisoptera: Libellulidae) » (1) dont je reproduis une illsutration ci-dessous :
Malheureusement, d’autres espèces d’Uracis peuvent avoir les ailes hyalines, notamment Uracis infumata, fastigiata ou même imbuta.
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Il faut essentiellement se fier à la nervation, telle qu’elle est détaillée dans le document déjà cité ; le triangle de l’aile postérieur est libre (pas de veine transverse), 3 à 4 cellules dans le subtriangle de l’aile antérieure, le champ discoïdal de l’aile postérieure avec une rangée de cellule, deux rangées de cellules dans le champ anal, selon la clé de Costa et Santos.
Pour m’y retrouver dans les clés proposées, j’ai réalisé cette petite synthèse :
Nous les avons rencontrés dans des flaques de lumière, en forêt marécageuse, une zone totalement inondée une partie de l’année par l’Amazone et ses tributaires.
Ils se reproduisent sur des eaux stagnantes comme en témoigne la présence d’un hydracarien (petit point rouge sur la photo de droite ci-dessous), ceux-ci ne parasitant les odonates que presque exclusivement dans les milieux lentiques.
Mais le plus souvent sur des mares fortement ombrées… comme le montrent les photos ci-dessous.
On le rencontre sans doute sur tout le bassin amazonien, soit Brésil, Guyane Française, Suriname, Venezuela, Colombie, Équateur, Pérou et Bolivie.
IUCN Red List
Ci-dessous, un jeune mâle, qui montre le très curieux motif thoracique qui orne son thorax ; ce pattern, en « grain de bois » est spécifique des Uracis.
Les femelles montrent un spectaculaire appendice, une plaque sous génitale appelée pseudo-ovipositeur qui leur permet, en sautant verticalement à la façon de nos femelles Cordulegaster, de planter leurs œufs dans la boue des mares ou la berge des ruisseaux. La veination identique à celle des mâles, la longueur de ce pseudo-ovipositeur et sa partie apicale tronquée confirme l’identification.
Uracis du grec oura pour queue et de akis signifiant aiguille. Ceci en référence aux derniers segments étirés de la femelle et à la plaque sous génitale déjà citée. Rambur la décrit lorsqu’il crée le genre et très en détail pour la première espèce qu’il place dans le genre, nommée U. quadra (futur U. imbuta). Voici ce qu’il écrit à propos de ce nouveau genre : « bord vulvaire prolongé en une longue pointe canaliculée dépassant l’anus, accompagné d’un prolongement semblable du segment suivant, qui présente une petite carène pour s’engrener dedans. »
Pour expliciter, je montre ici les derniers segments de la femelle Uracis fastigiata.
La recherche de l’origine de du nom d’espèce siemensi a été assez amusante. Je suis parti du titre de la publication dans laquelle Kirby a décrit l’espèce : « List of the Neuroptera collected by Mr. E. E. Austen on the Amazons &c. during the recent expedition of Messrs. Siemens Bros. Cable S. S. ‘Faraday,’ with descriptions of several new species of Odonata (dragonflies).
J’ai finalement compris que Les Frères Siemens, « Siemens Brother » de la fameuse firme, ont affrété un navire poseur de câbles sous-marins, nommé « Faraday » et que l’une de ces aventureuses expéditions l’a amené à poser un câble de communication dans l’Amazone. Sur ce bateau se trouvait E. E. Austen, entomologiste et diptériste qui a adressé de nombreux spécimens d’odonates à William Forsell Kirby.
Mr. E. E. Austen a reçu de Kirby de meilleurs hommages pour d’autres espèces collectées sur d’autres continents comme Drepanosticta austeni, Othetrum austeni ou Ceylonosticta austeni.
Sur ces 2 dernières femelles, on retrouve les caractéristiques alaires mentionnés plus haut.