Libellula herculea, Silver-sided Skimmer ou encore Hercules skimmer, est une libellule spectaculaire par ses couleurs et sa robustesse. Son abdomen est rouge vif et les flancs de son thorax couverts d’une pulvérulence argentée. On ne peut le confondre avec aucun autre odonate au Panama (il ressemble un peu au Thermothemis africain). Le mâle mesure 47 à 55 mm, l’aile postérieure 35.
Je les ai rencontrés au bord de mares ou d’étangs, en plaine ou en moyenne montagne, en limite de forêt humide, perchés en bout de branche, attendant les femelles, sans les chercher activement.
Le thorax est très trapu, les segments abdominaux très larges, aussi larges que longs.
La présence d’au moins deux veines transverses dans le triangle (bridge) le différencie des Orthemis.
Il est très largement répandu en Amérique centrale et en Amérique du Sud ; on le trouve du sud du Mexique au nord de l’Argentine, il est présent en Guyane Française.
IUCN Red List
J’ai assisté à l’accouplement en vol sur la petite mare du Canopy Lodge, le 3 septembre 2012. Le mâle présent depuis un instant est venu agripper la femelle ci-contre qui pensait s’installer pour pondre tranquillement. Ils se sont rapidement posés sur un arbuste puis ont aussitôt décollé et… je les ai perdus de vue. Je suis parti à leur poursuite et à une vingtaine de mètres, j’ai involontairement provoqué leur décollage sans les voir, juste devant moi, à hauteur de photographe ! Ils se sont finalement installés au sommet d’une fleur de bananier où j’ai pu les approcher en escaladant un tronc… moussu.
Les femelles peuvent pondre dans deux habitats totalement différents ; soit dans une pièce d’eau, mare temporaire ou permanente, rivière très calme, comme j’ai pu l’observer, où la femelle se contente par de brusques mouvements d’abdomen de larguer ses œufs dans l’eau. Soit dans les phytotelmes (habitat aquatique d’une plante terrestre) comme les broméliacées ou simplement une cavité dans un arbre contenant de l’eau.
Noter comme la largeur de la partie terminale de son abdomen est spectaculaire, le 8° segment étant d’ailleurs muni d’expansions ventrales, destinées à provoquer un éclaboussement lors de la ponte.
Libellula nous ramène à l’étymologie même du mot « libellule » et il faut revenir au XVIe siècle avec le moine zoologiste Guillaume Rondelet pour comprendre l’origine de ce terme. Il a remarqué que la forme des larves aquatiques de certaines libellules, en l’occurrence celles des zygoptères, ressemblait à celle du corps du requin marteau (Sphyrna zygaena).
Ce poisson avait reçu différents noms vernaculaires dont celui de Libella par analogie avec la forme d’un niveau de charpentier (appelé autrefois libella), mais il faut tout de même une bonne dose d’imagination pour y trouver une ressemblance…
Guillaume Rondelet a donc nommé ces larves Libella fluviatilis (1).
Ce n’est qu’en 1758 que Linné fait franchir le pas et que Libella devient Libellula sans doute pour introduire une notion de petite taille par le suffixe diminutif –ule. Et le grand naturaliste utilise le terme Libellula pour nommer tous les odonates alors connus.
Herculea de Hercules avec le suffixe –eum qui signifie bien sûr Hercule et souligne le caratère robuste et puissant de cet odonate, comme le héros de la mythologie, connu pour sa taille imposante et sa force légendaire.