J’avais déjà rencontré Erythemis attala en Colombie, mais je n’y avais vu qu’une femelle. Et les mâles, presque entièrement noirs, sont bien différents ; seuls les yeux sont plus marron que noirs, et ses appendices anaux sont clairs ou blanchâtres.
Il est tellement noir qu’on ne peut le confondre qu’avec Erythrodiplax funerera dont la tache basale est beaucoup plus importante, ou Erythemis plebeja, à l’abdomen beaucoup plus mince et dont la tache alaire est réduite.
Il mesure environ 42 mm et se plaît sur les plans d’eau forestiers très végétalisés, parfois complètement couverts de végétation aquatique, comme des de laitues d’eau.
Les Américains le nomment Black Pondhawk.
Son aire de distribution est très importante, depuis le Texas jusqu’en Argentine, à travers les Grandes Antilles et toute l’Amérique du Sud.
Il n’est nulle part menacé ; notons que son aire de répartition sur L’IUCN Red List n’est pas à jour.
Il est sans doute assez commun vu le nombre d’observations sur Inaturalist et il est étonnant que je ne l’ai pas rencontré plus souvent…
Certains mâles peuvent montrer des taches brunes sur S7 (Brésil) ou même sur S4 et S7 (au Panama) ; à moins qu’il ne s’agisse d’autres espèces…
Tabano Lake, 23/08/2023
Les femelles sont beaucoup moins sombres, mais pas vraiment plus gaies… Elles portent, comme certains mâles du Panama, de larges bandes claires sur S4 et S7. Ces mâles et femelles ont été observés à très courte distance du lac Tabano, un grand étang entouré par la forêt pluviale.
Erythemis (Hagen, 1861) (1) du grec e̍rythrós, rouge et de Themis. Il faut supposer que si Hagen a choisi Themis, – déesse grecque de l’ordre et de la justice, c’est à la fois pour respecter la « mode » qui consistait à donner un nom en rapport avec la mythologie, très en vogue à cette époque, et parce qu’elle est particulièrement bien adaptée à la taxonomie, science qui vise à décrire et ordonner et classer les familles, genres et espèces. Quant au qualificatif « rouge », il s’explique par le fait que Hagen a inclus dans ce nouveau genre trois espèces dont l’abdomen des mâles est rouge ou ferrugineux.
Attala pourrait venir du nom d’un saint mort à Strasbourg en 741. Mais je préfère nettement l’autre hypothèse fournit par Ian Endersby (1). Il viendrait du nom de l’héroïne indienne du roman éponyme de Chateaubriand, Attala, paru en 1801, et tellement connu à l’époque qu’il a inspiré le nom du Comté d’Attala dans l’état du Mississippi (Attala, vivait en Louisiane, sur les rives du Mississippi).
1- The Scientific Names of North American Dragonflies, Heinrich Fliedner, Ian Endersby – Busybird Publishing 2019