Acanthagrion phallicorne, Coenagrionidae, appartient au groupe apicale (A. apicale) mais présente des affinités étroites avec A. ascendens. Il est d’ailleurs photographiquement très proche d’A. ascendens et il faut l’examen des pièces anales pour les séparer.
Ci-dessous (le même sujet que la photo ci-dessus, même position), on note son 10° segment muni de 2 prolongements en « V » qui sont arrondis à leur extrémité (pointus pour les 2 autres cités). Remarquer les paraproctes (ex-cerques) minuscules et épineux, orientés en dedans.
Encore une autre photo de ce sujet, difficile à approcher, sur les berges et au-dessus de l’eau d’un petit lac, non loin de la Tahuayo river. Les eaux stagnantes sont le milieu de prédilection du genre, bien que certains tolèrent des eaux faiblement courantes.
Deux jours plus tard, le temps est magnifique et nous devons changer de base. Sur la rivière qui nous mène vers l’Amazon Research Center, nous accostons et progressons pour une très courte marche en forêt pour rejoindre un petit lac.
Cet arrêt se révèlera très fructueux, nous offrant de nombreuses nouvelles espèces et au moins 2 autres A. phallicorne. D’autres Acanthagrion étaient présents, mais il est difficile d’affirmer leur espèce avec certitude ; il faut à chaque fois capturer, ce que nous n’avons pas fait, ou faire des photos suffisamment précises, pour chaque individu. Je ne l’ai fait que pour les sujets que je montre.
Leonard nous dit que l’abdomen mesure 24.5 mm, ce qui donne une taille totale de 30 mm.
Acanthagrion phallicorne est une espèce rarement observée ; elle est contactée au Brésil, ou l’holotype a été capturé, en Équateur et bien sûr au Pérou. Les 13 observations sur Inaturalist proviennent du Pérou, et uniquement de la Tamshiyacu-Tahuayo Reserve, c’est-à-dire, la zone que nous prospections.
IUCN Red List
Ci-dessous à gauche une femelle ; déterminer l’espèce à laquelle appartient une femelle semble actuellement mission impossible. Mais ici, j’ai eu la chance de l’observer en tandem avec le jeune mâle placé à côté d’elle.
Souvent pour les Coenagrionidae, les mâles immatures sont de la même couleur que les femelles, ce qui se vérifie ici, car on note encore la présence de vert sur ce jeune mâle pourtant mature sexuellement.
Acanthagrion (Selys), du grec akanthos, épine, et agrion, dérivé du Grec signifiant sauvage et veut sans doute dire « vivant dans les champs ». Acanthagrion se réfère à une épine acérée sous le S8 des femelles ; Selys dans le « Synopsis des Agrionines, légion 5 » écrit « Épine vulvaire généralement aiguë ». Il précise également que cette caractéristique est commune au 8 sous-genres qu’il crée sous le genre Agrion.
Phallicorne (1), du grec ancien phallos, puis du latin phallus, membre viril en érection et sans doute du latin cornua pour corne (d’un animal). Si Leonard n’écrit pas explicitement pourquoi il a choisi ce nom, on lit dans sa description : »dorsum of 10 produced into two posteriorly directed horns, closely resembling those found in apicale and obsoletum, but somewhat shorter and more bluntly tipped« . Ce sont donc vraisemblablement les « cornes » du 10° segment avec leur extrémité arrondie qui lui valent ce nom.
J’ai finalement trouvé bien d’autres photos de cet Acanthagrion, rangées dans la mauvaise case… D’abord des jeunes, encore bleus.
Des sujets matures.
1- Je ne suis pas linguiste…